Les combats se poursuivent près de Severodonetsk, ville clef de l'est de l'Ukraine pilonnée par les forces russes qui tentent d'en prendre le contrôle depuis des semaines, selon les autorités ukrainiennes qui ont fait état de "batailles féroces" dans les localités alentour.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est quant à lui rendu pour la première fois auprès des forces qui contiennent l'offensive russe dans le Sud, dans la bande côtière du pays convoitée par Moscou au bord de la mer Noire.
Sur le front diplomatique, le dirigeant ukrainien a salué la décision de la Commission européenne d'apporter son soutien au statut de candidat à l'UE de l'Ukraine, y voyant une "première étape" et un "acquis historique".
Voici un point de la situation samedi au 115e jour de la guerre à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.
- L'Est -
Les affrontements se poursuivent près de Severodonetsk où les autorités ukrainiennes locales ont fait état samedi de "batailles féroces".
Sur le réseau Télégram, le gouverneur régional, Serguiï Gaïdaï a également évoqué des "destructions" supplémentaires à l'usine chimique Azot de la ville, où des centaines de civils sont réfugiés.
Si la Russie continue de déployer des forces supplémentaires dans la région, les défenses ukrainiennes restent à ce stade "solides" face à l'offensive, selon l'institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).
A Donetsk, cinq civils ont été tués et douze autres ont été blessés samedi dans des bombardements ukrainiens, a indiqué l'état-major des autorités locales pro-russes dans un communiqué. Selon les agences de presse russes, les bombardements ont notamment touché un cinéma et un café du centre-ville.
- Le Sud -
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont les déplacements hors de Kiev sont rares depuis le début de l'invasion russe le 24 février, a effectué samedi, pour la première fois, une visite à Mykolaïv.
Cette ville portuaire et industrielle de près d'un demi-million d'habitants avant la guerre, est toujours sous contrôle ukrainien, mais elle est proche de la région de Kherson, occupée par les Russes.
- "Première étape" vers l'UE -
"Un acquis historique" et "une première étape sur la voie de l'adhésion à l'UE": le président ukrainien a salué dans une vidéo diffusée tard vendredi le soutien de Bruxelles au statut de candidat à l'Union européenne de l'Ukraine.
La question sera discutée jeudi et vendredi prochains lors d'un sommet européen, où les 27 dirigeants de l'UE devront donner leur feu vert - à l'unanimité - pour que Kiev obtienne officiellement ce statut.
Quant à l'ouverture de nouvelles négociations avec Moscou, David Arakhamia, le chef de la délégation ukrainienne, a fait savoir qu'elles ne pourraient intervenir qu'une fois que l'Ukraine aurait repoussé les forces russes ou si ces dernières revenaient "de leur plein gré" aux positions qu'elles occupaient avant le début de l'offensive.
- Pertes matérielles -
Dans un entretien publié par le National Defense Magazine, une publication américaine spécialisée, le général Volodymyr Karpenko, chef de la logistique de l'armée de terre ukrainienne, a indiqué que l'Ukraine avait perdu depuis le 24 février "environ 50%" de ses armements.
"Environ 1.300 véhicules de combat d'infanterie ont été perdus, 400 tanks, 700 systèmes d'artillerie", a-t-il dit.
- "Maïdan" en deuil -
Des centaines de personnes ont rendu hommage samedi à Kiev à un jeune militant ukrainien, Roman Ratouchny, tué le 9 juin à l'âge de 24 ans, lors de combats dans l'Est et qui fut une figure du mouvement pro-européen du Maïdan en 2014.
Ce mouvement avait conduit à la chute en 2014 du président prorusse Viktor Ianoukovitch après qu'il avait annoncé renoncer, sous la pression de Moscou, à la signature d'un accord d'association avec l'UE.
- Crimes de guerre -
L'Office fédéral de la police criminelle allemande (BKA) a indiqué samedi enquêter sur plusieurs centaines de potentiels crimes de guerre russes en Ukraine, précisant rechercher les responsables militaires et politiques de ces crimes.
- Risque de famine -
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a accusé samedi la Russie de mettre le monde en danger de famine avec le blocage des exportations de céréales de l'Ukraine et les restrictions sur ses propres exportations.
M. Borrell a dénoncé "le choix politique conscient de la Russie de +militariser+ les exportations de céréales et de les utiliser comme un outil de chantage contre quiconque s'oppose à son agression" en l'Ukraine.
Les menaces sur la sécurité alimentaire seront au centre des discussions des ministres des Affaires étrangères de l'UE lundi à Luxembourg.
- Dizaines de milliers de morts -
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit, certainement très lourd.
Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales parlent de 15.000 à 20.000 soldats russes tués. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, selon Kiev. Aucune statistique indépendante n'est disponible.
- Un tiers des Ukrainiens déplacés ou réfugiés -
Plus de sept millions d'Ukrainiens sont déplacés dans le pays, selon l'ONU. S'y ajoutent 7,4 millions qui ont fui à l'étranger, dont plus de la moitié en Pologne. Avant l'invasion russe, l'Ukraine comptait 37 millions d'habitants dans le territoire contrôlé par Kiev, amputé notamment de la Crimée annexée par Moscou en 2014.