Des rebelles sud-soudanais ont ouvert le feu dans une base onusienne abritant 30.000 civils, tuant une personne et en blessant six autres, a dénoncé mercredi soir l'ONU, évoquant un possible "crime de guerre".
Des rebelles ont attaqué mercredi en début de soirée une base onusienne dans la ville septentrionale de Malakal, capitale de l'Etat pétrolier du Haut-Nil. Les Casques bleus ont riposté.
"Toute attaque contre des sites de protection des civils constitue une agression directe contre les Nation unies et potentiellement un crime de guerre", a déclaré la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss), dans un communiqué. "Les blessés reçoivent des traitements dans l'hôpital du complexe de la Minuss, l'un d'entre eux serait dans un état critique".
Plus de 142.000 civils ont trouvé refuge dans des bases onusiennes à travers le pays depuis le début de la guerre civile qui ravage le pays depuis 18 mois. D'autres bases ont été attaquées dans le passé par l'un ou l'autre des camps -- forces rebelles regroupées derrière l'ancien vice-président Riek Machar ou forces pro-gouvernementales fidèles au président Salva Kiir.
Le week-end dernier, Malakal a aussi été visée par une offensive et reprise par les rebelles. L'opération a été menée par le chef d'une milice locale, Johnson Olony, un ex-général du camp gouvernemental passé à la rébellion en mai et accusé d'avoir enrôlé une armée d'enfants soldats.
L'actuel conflit au Soudan du Sud a éclaté en décembre 2013, avec des combats au sein d'une armée fracturée le long de lignes politico-ethniques par la rivalité à la tête du régime entre Kiir et Machar. Diverses milices tribales se sont jointes, des deux côtés, aux combats, accompagnés de massacres ethniques et d'exactions attribuées aux deux camps.
Cette semaine encore, l'ONU a dénoncé des scènes insoutenables de viols, parfois collectifs, de femmes et de filles parfois brûlées vives par la suite.
L'attaque contre la base onusienne est intervenue le jour où le Conseil de sécurité imposait, pour la première fois, des sanctions contre six chefs militaires sud-soudanais -- trois dans chacun des camps.
L'Union européenne et les Etats-Unis imposent déjà des sanctions depuis l'an passé contre trois de ces chefs. Sans conséquence visible sur les combats. Kiir et Machar n'ont jamais été inquiétés.
Dans ce conflit, aucun bilan officiel n'a jamais été établi, mais selon des observateurs, il a déjà fait des dizaines de milliers de victimes. Selon l'ONU, les deux-tiers des 12 millions d'habitants ont besoin d'aide pour survivre.