Le procès en appel des deux anciens hauts dirigeants khmers rouges encore en vie, déjà condamnés à la perpétuité pour crimes contre l'humanité, s'est ouvert jeudi au Cambodge, avec un témoin assurant qu'il n'y avait "pas d'instruction d'affamer les gens".
Nuon Chea, l'idéologue du régime, 88 ans, et le chef de l'Etat de l'ex-"Kampuchéa démocratique" Khieu Samphan, 83 ans, avaient été condamnés en août 2014 pour crimes contre l'humanité par ce tribunal spécial de Phnom Penh. Cette instance parrainée par l'ONU a été créée pour juger un régime qui fit près de deux millions de morts entre 1975 et 1979.
Les deux hommes assurent n'avoir pas été au courant des atrocités commises pendant le régime de Pol Pol, dans le cadre d'une utopie marxiste jusqu'au-boutiste visant à créer une société agraire, sans monnaie ni citadins.
Jeudi, le premier témoin de la défense de Nuon Chea a dressé un portrait d'une société autosuffisante, basée sur une "coopération collective". Loin des rapports des historiens sur les morts de malnutrition ou de mauvais traitements dans des camps de travaux forcés.
"Il n'y avait pas d'instruction d'affamer les gens. En fait, c'était le contraire. Si un cadre n'arrivait pas à assurer les moyens de subsistance dans son secteur, il faisait l'objet de sanctions disciplinaires", a assuré Sao Van, un ancien cadre khmer rouge, aujourd'hui âgé de 74 ans.
Pendant deux semaines, plusieurs autres témoins doivent être entendus, dont d'anciens responsables khmers rouges, à la demande de l'équipe d'avocats de Nuon Chea.
L'octogénaire, au regard caché derrière ses habituelles lunettes de soleil, a quitté la salle au bout de moins de deux heures d'audience, afin de la suivre par écran interposé dans une salle séparée, en raison de douleurs dorsales selon ses avocats.
Le jugement en appel est annoncé par la cour au premier trimestre 2016.