Jallow a expliqué à l'agence Hirondelle que la peine n'était pas proportionnelle à la gravité du crime.
Alors qu'au centre du procès se trouvaient des chansons, l'auteur compositeur n'a été condamné que pour une prise de parole en juin 1994, après son retour d'un concert en Europe.
Parlant depuis une voiture sonorisée sur la route reliant Kivumu et Kayove, deux communes rurales du nord-ouest du Rwanda, il a alors demandé aux passants s'ils "avaient tué des Tutsis" appelés "serpents", a conclu la chambre de première instance
Le jugement souligne que Bikindi a usé de son aura de célèbre chanteur et de membre influent du parti présidentiel de l'époque, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND) pour inciter au génocide. Pour la chambre, ce statut constitue une circonstance aggravante. Aucune circonstance atténuante ne lui a été reconnue.
Tout en admettant avec le procureur que les chansons incriminées avaient été « composées dans l'intention spécifique de diffuser une idéologie pro-hutue de même que de faire la propagande antitutsie et d'encourager la haine ethnique », la chambre a rappelé que leur composition était antérieure à 1994, année de compétence temporelle de cette juridiction des Nations unies.
Au cours cette année, ces textes ont été utilisés dans le cadre d'une campagne visant notamment à « inciter les auditeurs à prendre les Tutsis pour cible et à commettre des actes de violence contre eux ». Mais «rien ne permet de dire que Bikindi a interprété ou joué ses œuvres musicales (incriminées) en 1994 » souligne le jugement.
Par ailleurs, les juges, sans nier l'existence de liens entre le chanteur et la Radio libre des mille collines (RTLM) qui se servait de ces compositions pour appeler aux massacres des Tutsis, ne sont pas convaincus qu'il exerçait « une quelconque influence, un quelconque contrôle sur la diffusion des ses chansons » ni « qu'il était légalement tenu de mettre un terme » à cette diffusion.
Ce fils de Gisenyi (nord), la région d'où était également originaire le président Juvénal Habyarimana, a par ailleurs été lavé des accusations selon lesquelles il aurait participé à des attaques et à des meurtres dans sa région natale pendant le génocide.
ER/GF
© Agence Hirondelle