Le prêtre catholique qui clame son innocence, était, en 1994, recteur du collège Christ Roi de Nyanza (sud), l'une des écoles les plus prestigieuses du pays.
« Le Père Nsengimana a participé à une entreprise criminelle commune avec plusieurs personnes ; les éléments de preuve sont clairs », a déclaré Brian Wallace.
Le représentant du procureur a soutenu que l'homme d'église avait fait assassiner plusieurs Tutsis à Nyanza et tué, en personne, d'autres Tutsis, dont des prêtres.
« Il voulait se débarrasser des prêtres tutsis de Nyanza ; il a envoyé des membres de son escadron Les Dragons pour les tuer et ils les ont effectivement tués », a accusé le magistrat jamaïcain.
« Il a lui-même tué le Père Mathieu (Ngirumpatse), un homme de Dieu, un collègue, un frère avec lequel il avait travaillé pendant plusieurs années », a assené M. Wallace.
Le représentant du procureur a reconnu quelques contradictions dans les dépositions des 19 témoins à charge, mais en trouvant cela « normal, 14 ans après » les faits.
« J'ai écouté le procureur avec attention mais je n'ai rien entendu de concluant ; rien n'est démontré, rien n'est prouvé », a réagi Me Emmanuel Altit, le conseil principal de la défense. « Les témoins de l'accusation ne sont ni fiables, ni crédibles, c'est le moins qu'on puisse dire », a plaidé l'avocat français, affirmant que ce sont les témoins de la défense qui ont présenté « un récit, crédible et cohérent » des faits.
« Les approximations sont le terreau de l'arbitraire », a conclu Me Altit demandant aux juges d'acquitter le prêtre, victime, selon lui, d'une campagne visant l'église catholique.
L'abbé Nsengimana fait partie des 4 prêtres catholiques inculpés par le TPIR, dont Athanase Seromba condamné définitivement à la prison à vie et Emmanuel Rukundo qui attend son verdict.
Le dernier, l'abbé Wenceslas Munyeshyaka, sera jugé à Paris, le TPIR s'étant dessaisi de l'affaire au profit de la justice française.
ER/GF
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