Les dirigeants d'Afrique australe ont annoncé dans la nuit de vendredi à samedi l'envoi d'enquêteurs au Lesotho après le meurtre de l'ex-chef d'état-major qui a provoqué un grave regain de tensions moins d'un an après un coup d'État raté.
Réunis pour un sommet de crise qui s'est prolongé très tard dans la soirée à Pretoria, les dirigeants de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) ont décidé "d'établir d'urgence une commission d'enquête indépendante".
Celle-ci devra faire la lumière sur "les circonstances de la mort du général (Maaparankoe) Mahao", tandis qu'une réforme de l'armée doit être engagée "d'urgence", selon le communiqué. Le Premier ministre du Lesotho, Pakalitha Mosisili, participait au sommet.
Le général Mahao, proche de l'ex-Premier ministre en exil Thomas Thabane, a été tué par balles le 25 juin près de Maseru, abattu, selon la presse sud-africaine, par des militaires venus devant chez lui.
Ce meurtre intervient deux mois après que M. Thabane, défait aux élections anticipées de février, est parti se réfugier au Botswana, alléguant de menaces d'assassinat.
Une semaine après, l'émotion restait vive à Maseru.
Plusieurs syndicats ainsi que la puissante association de taxis collectifs avaient appelé à deux journées mortes lundi et mardi, avant de renoncer pour "laisser une chance" à l'enquête de la SADC.
"Ces événements récents dans le pays servent uniquement à faire dérailler le processus de retour à la normalisation politique et sécuritaire dans le pays", a déploré le président sud-africain Jacob Zuma, qui préside aux efforts de médiation de la SADC au Lesotho.
La SADC a aussi décidé de se doter d'un comité pour mieux surveiller la situation, ce qu'elle a négligé de faire depuis les élections.
La SADC avait notamment recommandé que le principal protagoniste du coup d'État raté d'août 2014, le général Tlali Kamoli, soit mis à l'écart, de même que son rival, le général Mahao.
Mais Kamoli a été réinstallé comme chef de l'armée après le scrutin.
D'après l'ONG Transformation Ressource Centre, son retour s'est accompagné d'une purge sanglante visant des dizaines de militaires accusés de comploter une mutinerie avec le défunt Mahao, le commissaire de police Khothatso Tsooana et l'ex-Premier ministre Thabane.
L'ONG a saisi la Cour pénale internationale (CPI) pour dénoncer des cas de meurtres, tortures et arrestations sur plus de 50 militaires.
Surnommé la Suisse de l'Afrique pour la beauté de ses paysages de montagne, le Lesotho est essentiellement rural et pauvre. Grand comme la Belgique, le royaume est totalement enclavé dans le territoire de son puissant voisin sud-africain.