Le gouvernement afghan a mis en place dimanche une commission chargée d'enquêter sur la mort au combat d'une vingtaine de policiers, dont les proches accusent Kaboul de ne pas les avoir secourus alors qu'ils étaient sous le feu des talibans.
Cette ire populaire mine un peu plus les efforts de M. Ghani pour ramener la paix dans un pays ravagé par plus de 35 ans de conflit.
En cette saison des combats, les insurgés islamistes ont lancé une offensive d'envergure dans leur fief du sud de l'Afghanistan, mais aussi dans le Nord et à Kaboul.
Face à eux, les forces de sécurité sont en première ligne depuis la fin de la mission de combat de l'Otan en décembre.
Parmi elles se trouve la police locale d'Afghanistan (ALP), dont des barrages ont été attaqués par les talibans jeudi dans le district de Jalrez, à environ 50 km à l'ouest de Kaboul.
"Les combats ont duré trois jours", a expliqué à l'AFP Khalil Andarabi, chef de la police de la province de Wardak, où se trouve Jalrez.
Selon les autorités, 23 policiers ont été tués.
D'après Mohammad Sardar Bakhtiar, un élu local, les talibans ont "brûlé les corps de deux policiers, en ont décapité trois et en ont jeté trois autres dans un puits".
Les forces gouvernementales sont parvenues à reprendre samedi les zones sous contrôle des talibans.
Mais les familles des victimes accusent le gouvernement d'avoir négligé la sécurité des policiers, tous hazaras, une minorité chiite persécutée sous le régime des talibans (1996-2001).
Joint par l'AFP, Mohammed Aref, neveu du chef du contingent tué dans l'attaque, a dit avoir été "en contact téléphonique avec son oncle jusqu'au dernier moment".
"Nous avons appelé le gouvernement et le second vice-président. Ils nous ont promis des renforts", qui ne sont jamais arrivés, selon lui.
"Le gouvernement est responsable de leur mort", a-t-il asséné.
A Kaboul, plusieurs centaines de personnes ont manifesté leur colère dimanche.
Mohammad Mohaqeq, vice-chef de l'exécutif afghan et dignitaire hazara, a assuré avoir appelé le gouvernement à l'aide lors des combats, mais "il s'est borné à faire des promesses creuses".
Face à ce qu'il a qualifié de "crimes de guerre", le président afghan a annoncé dimanche la création d'une commission d'enquête.
Mais cette affaire est un nouveau coup dur pour M. Ghani. Il a subi un autre revers samedi: les députés ont rejeté son candidat au poste de ministre de la Défense, un portefeuille vacant depuis dix mois.