Selon le réfugié rwandais, Setako, ancien directeur des Affaires juridiques au ministère de la Défense, était à Kigali toute la nuit du 6 au 7 avril 1994.
Or, selon des témoignages à charge, l'officier se trouvait cette nuit-là à Mukingo, dans la préfecture de Ruhengeri (nord), participant à une réunion de préparation des massacres de Tutsis dans la régon.
Iyakaremye a déclaré que lorsque l'avion présidentiel a été abattu dans la soirée du 6 avril 1994, il dînait avec son épouse et ses enfants au domicile de l'accusé.
«Nous avons entendu des explosions inhabituelles (...) Cela nous a coupé l'appétit. Une trentaine de minutes plus tard, Setako nous a reconduits à la maison », a raconté le témoin qui était guidé en interrogatoire principal par le Professeur Lennox Hinds qui défend l'officier.
Il a affirmé que durant la reste de la nuit, ils s'étaient entretenus au moins deux fois au téléphone et que le lieutenant-colonel se trouvait bien à son domicile au centre de la capitale rwandaise où il était retourné après avoir reconduit ses visiteurs.
En contre-interrogatoire, Mme Christiana Fomenky du bureau du procureur a suggéré au témoin qu'il n'avait pas de téléphone à son domicile et qu'il ne pouvait donc pas communiquer avec l'accusé dans les heures suivant la mort du président.
« Vous disposiez d'un téléphone dans votre magasin et non dans votre résidence », a insisté Mme Fomenky, affirmant se baser sur les archives de l'unique compagnie de téléphonie à l'époque.
« J'avais un numéro parallèle », a expliqué Iyakaremye qui habitait à Gatsata, un quartier de Kigali.
Les juges, au regard de l'importance de ce point de la déposition, sont eux-mêmes intervenus pour demander au témoin dans quelles circonstances il avait installé dans sa salle de séjour un combiné parallèle à celui de son petit commerce à quelques mètres.
« Cela s'est-il fait dans la légalité ? », a demandé la juge Florence Rita Arrey.
Le témoin a répondu qu'un abonné n'avait pas besoin d'une autorisation pour se doter d'un numéro parallèle à l'époque.
Setako qui répond de crimes perpétrés à Kigali et dans sa préfecture natale de Ruhengeri présente sa défense depuis le 4 mai dernier.
ER/GF
© Agence Hirondelle