Le génocide, crime le plus grave dans le droit international

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Le génocide, pour lequel ont été jugés plusieurs responsables du massacre de Srebrenica, commis il y a 20 ans, est le crime le plus grave reconnu par le droit international, mais aussi le plus difficile à prouver.

Dérivé du grec "genos" (race) et du suffixe latin -cide (du latin "caedere", tuer), le terme de génocide fut inventé en 1944 par Raphael Lemkin, un juif polonais, conseiller au secrétariat américain à la Guerre, pour désigner les crimes commis par les nazis contre les juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il est utilisé pour la première fois dans un cadre juridique par le tribunal militaire international de Nuremberg en 1945, au moment de la mise en accusation des responsables nazis, finalement condamnés pour crimes contre l'humanité.

Dans le droit international, le génocide est reconnu depuis 1948 par la Convention des Nations unies. Celle-ci énumère une série de crimes, dont le meurtre, qui le constituent à condition d'être commis "avec l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux".

Le massacre de Srebrenica (est de la Bosnie), au cours duquel près de 8.000 garçons et hommes musulmans avaient été exécutés en 1995 par les Serbes de Bosnie, a été reconnu en 2007 comme génocide par la Cour internationale de justice (CIJ), plus haut organe judiciaire des Nations unies.

Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), créé pour juger les responsables des crimes commis lors des guerres ayant déchiré les Balkans durant les années 90, a été le premier tribunal à condamner pour un génocide en Europe.

Ce triste honneur est revenu en 2001 au commandant serbe de Bosnie Radislav Krstic, poursuivi pour son rôle dans le massacre de Srebrenica.

Quatre autres condamnations pour génocide ont suivi devant le TPIY pour ce massacre, le pire commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, alors que deux procès pour génocide sont encore en cours, ceux des chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie à l'époque de Srebrenica, Radovan Karadzic et Ratko Mladic.

Ailleurs dans le monde, l'Arménie qualifie de génocide les massacres de centaines de milliers d'Arméniens par les troupes de l'Empire ottoman pendant la Première guerre mondiale, citant le chiffre d'un million et demi de victimes.

La Turquie refuse catégoriquement d'admettre toute élimination planifiée et évoque la mort, à l'occasion de combats ou de la famine, de quelque 500.000 Arméniens qui s'étaient rangés du côté de son ennemie la Russie. Le caractère génocidaire de ces événements a été reconnu par les Parlements de plusieurs pays (Russie, Belgique, Suisse, Canada, Suède ou France et Parlement européen).

Le génocide du Rwanda qui a fait 800.000 morts parmi les Tutsis et les Hutus modérés en 1994, selon l'ONU, a donné lieu à la création du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à Arusha. Celui-ci a prononcé depuis 1998 une vingtaine de condamnations pour génocide ou complicité.

A Phnom-Penh, les deux derniers hauts-dirigeants en vie du régime cambodgien des Khmers rouges (1975-79) sont jugés pour génocide par un tribunal parrainé par l'ONU.

Le président soudanais Omar el-Béchir fait l'objet d'un mandat d'arrêt pour génocide de la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes commis sur la population civile du Darfour.