Le président du Bundestag, Norbert Lammert, a qualifié de "génocide" les massacres commis par l'Allemagne en Namibie il y a un siècle, dans un texte à paraître dans l'hebdomadaire "Die Zeit".
Selon le président de la chambre basse du Parlement, une figure respectée du parti conservateur (CDU) d'Angela Merkel, les troupes impériales allemandes ont procédé à une élimination systématique des indigènes issus des peuples Héréro et Nama.
"Au regard des règles du droit international actuel, la répression du soulèvement Héréro était un génocide", écrit M. Lammert dans cette tribune, à l'occasion du 100e anniversaire de la fin de la colonisation allemande de la Namibie, à l'époque Afrique allemande du Sud-Ouest (1884-1915).
Selon M. Lammert, l'Allemagne a conduit là-bas une "guerre raciale". "Il y a eu des dizaines de milliers de victimes Héréro et Nama, non seulement dans les combats mais aussi à cause de maladies et de mises à mort ciblées liées à la privation d'eau et de nourriture", a-t-il affirmé, ajoutant que d'autres "sont morts dans des camps de concentration ou du travail forcé".
Privés de leurs terres, de leur bétail et de tout moyen de subsistance en raison de la pression croissante des colons allemands et pressurés par l'administration coloniale, les Héréro s'étaient révoltés le 12 janvier 1904, massacrant 123 civils allemands.
La guerre a culminé avec la bataille de Waterberg qui eut lieu en août 1904 à environ 200 kilomètres de la capitale Windhoek. Les Héréro décidèrent de fuir vers l'est avec femmes et enfants pour gagner le Botswana voisin, poursuivis par les troupes allemandes à travers les étendues désertiques de l'actuel Kalahari, où seuls 15.000 survécurent sur 80.000.
En octobre 1904, le commandant militaire de la colonie, le général Lothar von Trotha, décidait d'exterminer les Héréro, décrétant que "dans les frontières (coloniales) allemandes, tout Héréro avec ou sans arme, avec ou sans bétail, devait être abattu".
Depuis 2011, l'Allemagne a restitué à la Namibie plusieurs dizaines de crânes de guerriers Héréro qui avaient été ramenés à Berlin pour des expériences censées prouver la supériorité des Blancs sur les Noirs.
A l'occasion du centenaire de la fin de la colonisation allemande, un appel lancé par des associations et des partis politiques d'opposition demande la reconnaissance officielle de ce "génocide" par l'Allemagne, à l'instar de ce qu'a fait le président allemand Joachim Gauck pour le génocide arménien.