28.02.2003 - TPIR/HATEGEKIMANA - LE LIEUTENANT HATEGEKIMANA A FAIT SA COMPARUTION INITIALE

Arusha, le 28 février 2003 (FH) - l'ancien commandant du camp militaire de Ngoma (province Butare, sud du Rwanda), le lieutenant Ildephonse Hategekimana, a fait sa comparution initiale vendredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Hategekimana, 39 ans, répond de cinq chefs D'accusation: génocide ou, dans l'alternative, complicité de génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide, crimes contre l'humanité pour viol et autres actes inhumains.

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Vêtu D'un costume bleu foncé, Ildephonse Hategekimana a suivi calmement la lecture de l'acte D'accusation. Il a plaidé non coupable à chacun des chefs devant le juge slovène Pavel Dolenc de la troisième chambre de première instance du TPIR.

Selon l'acte D'accusation, l'ancien lieutenant et D'autres responsables politiques et militaires "se sont entendus en vue D'élaborer un plan dans l'intention D'éliminer la population civile tutsie et les membres de l'opposition" pour se mainternir au pouvoir.

l'acte D'accusation indique que les éléments de ce plan consistaient en l'entraînement et la distribution D'armes aux miliciens ainsi que l'établissement de listes de personnes à éliminer. Hategekimana est accusé D'avoir personnellement supervisé les massacres commis à Butare entre avril et juin 1994.

A de nombreuses occasions, l'accusé aurait notamment incité, encouragé et facilité ou approuvé les massacres, les enlèvements et les destructions de biens commis par les miliciens Interahamwe et des soldats.

En plus des tueries isolées, le lieutenant Hategekimana est accusé de massacres commis dans des couvents, des écoles et des hôpitaux.

Le parquet allègue notamment que Hategekimana a donné des ordres aux soldats et aux miliciens et leur a fourni du matériel, notamment des grenades et des moyens de transport. Hategekimana et D'autres auraient en outre déployé des soldats aux barrages routiers pour arrêter quiconque avec une carte D'identité "suspecte", c'est à dire portant la mention Tutsi. Ceux qui ont été arrêtés ont été conduits au camp militaire de Ngoma. Plusieurs filles et femmes y auraient été violées.

Il est de plus allégué que des soldats sous les ordres de l'accusé ont procédé à de nombreux enlèvements sur les barrages routiers et se sont livrés à des viols et que celui-ci n'a pris aucune mesure pour empêcher de tels actes ou en punir les auteurs.

Les actes de viols ont été aggravés par des circonstances telles que des viols collectifs, viols multiples, viols de filles vierges et viols des
filles en présence de leurs mères ou des membres de leurs familles, indique l'acte D'accusation.

Selon ce document de vingt- trois pages, la plupart des violences sexuelles étaient suivies du meurtre de la victime. Ildephonse Hategekimana a été arrêté au Congo Brazaville le 16 février 2003 et transféré au centre de détention du TPIR deux jours plus tard.

Vendredi, il était représenté par un avocat de permanence, le Tanzanien Me Jesse Kiritta.

La date de l'ouverture de son procès n'a pas encore été fixée.

Ildephonse Hategekimana est coaccusé avec deux autres officiers, le lieutenant-colonel Tharcisse Muvunyi, en détention, et le capitaine Ildephonse Nizeyimana, en fuite.

AT/KN/CE/GF/FH(HT'0228A)