Alors soldat de première classe, Augustin Habakubaho était secrétaire au centre de transmission du secteur militaire du Mutara (est), où il était chargé de réceptionner les télégrammes, de les transmettre à sa hiérarchie et de les classer.
Le témoin était cité pour la défense de l'ancien directeur au ministère de la Famille et de la promotion féminine, Jean Baptiste Gatete, accusé notamment de s'être entendu avec des militaires pour commettre le génocide dans l'est du Rwanda.
Sa déposition n'est cependant pas entrée au fond des allégations factuelles contre l'inculpé.
L'ancien militaire se souvient de deux télégrammes tombés sur son bureau dans la nuit du 6 au 7 avril 1994: le premier annonce que l'avion du président Juvénal Habyarimana vient d'être abattu. Quelques heures plus tard, arrive le deuxième qui invite les commandants de secteur et de camp à une réunion, le lendemain, à Kigali.
Selon le témoin, à son retour de la capitale, le 7 avril dans l'après-midi, le commandant du secteur, le lieutenant-colonel Léonard Nkundiye, apprend que ses positions les plus avancées vers la frontière avec l'Ouganda subissent de sérieuses attaques de la part des rebelles du Front patriotique rwandais (FPR), actuellement au pouvoir.
Le lendemain, premier grand revers. «Nous recevons des télégrammes annonçant la chute de nos positions de Ngarama, Muvumba et Gituza ». A la faveur de la nuit, Nkundiye et son état-major déménagent du camp Gabiro pour s'installer au bureau de la commune Murambi, plus à l'intérieur.
« Le 9 avril (1994), nos troupes stationnées à Marimba, Kagitumba, Ryabega et Nyagatare battent en retraite. En début d'après-midi, c'est le camp Gabiro- dont le lieutenant-colonel Nkundiye est parti la veille - qui tombe. Nos forces se replient dans les collines de Nyakayaga et Rwagitima », relate l'ancien soldat actuellement réfugié au Cameroun.
Pas de répit le jour suivant. Le commandant du secteur plie à nouveau bagages pour installer son quartier général au camp de la gendarmerie à Rwamagana, à une cinquantaine de kilomètres de Kigali.
Les troupes gouvernementales en seront délogées quelques jours plus tard, y laissant, selon d'autres témoignages, d'importantes réserves de riz récupérées par les rebelles.
Dans l'histoire de la résistance de l'armée gouvernementale face aux forces du général Paul Kagame, l'actuel chef de l'Etat, « cet épisode de l'est fut le plus humiliant pour nos troupes», commente, sous couvert de l'anonymat, un ancien officier rwandais qui a rallié les vainqueurs en juillet 1994.
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© Agence Hirondelle