Le président serbe Tomislav Nikolic a estimé dimanche que le jet de pierre contre le Premier ministre Aleksandar Vucic, samedi aux cérémonies du 20e anniversaire du massacre de Srebrenica, était un incident rappelant ceux ayant précédé la guerre en Bosnie.
Cet incident, que M. Nikolic qualifie de "tentative de lynchage", est le reflet de "relations mauvaises, voire hostiles, en Bosnie et montre clairement ce que pensent des Serbes certains politiciens et dignitaires religieux bosniens", a déclaré M. Nikolic dans un communiqué.
"Personne ne devrait rester indifférent devant la sauvagerie de cet incident qui ressemblait fort à ceux de 1992 (début de la guerre en Bosnie, ndlr)", a poursuivi M. Nikolic.
M. Vuvic venait de déposer une fleur devant un monument portant les noms des plus de 6.200 victimes identifiées et enterrées au mémorial de Srebrenica lorsque la foule a commencé à scander "Allah Akbar !" ("Dieu est grand !") et à jeter des pierres dans sa direction. Certains ont même tenté de s'en prendre physiquement à lui. il a fini par quitter le mémorial en courant, protégé par ses gardes du corps dont plusieurs ont été touchés par des pierres.
Il y a vingt ans, peu avant la fin du conflit et alors que la région était déclarée "zone protégée" par l'ONU, quelque 8.000 hommes et garçons musulmans ont été tués à Srebrenica par les forces serbes bosniennes, la pire tuerie en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, que la justice internationale a qualifié de génocide.
Le président serbe a estimé que M. Vucic avait fait l'objet d'une attaque justement "parce qu'il est arrivé à Srebrenica avec sa main tendue en signe de réconciliation".
"Si un courage exceptionnel est nécessaire pour effectuer une visite amicale, la question se pose de savoir ce qu'est l'hostilité", s'est interrogé M. Nikolic.
"La Serbie ne changera pas sa position sur les autres peuples et États, celle-ci reste amicale, les autres doivent en revanche se pencher sur ce qu'ils font et ce qu'ils ont fait en nous entraînant dans de nouvelles querelles vingt ans après la guerre civile" en Bosnie, a ajouté M. Nikolic.
Le ministère serbe des Affaires étrangères avait, dans une note de protestation adressée à Sarajevo samedi, exigé des autorités bosniennes qu'elles "condamnent publiquement" la "tentative d'assassinat" du Premier ministre, le chef de la diplomatie serbe Ivica Dacic dénonçant à cet égard "une attaque non seulement contre Vucic, mais contre toute la Serbie et sa politique de paix et de coopération régionale".
La présidence collégiale à Sarajevo a, de son côté, "condamné dans les termes les plus vifs l'attaque" contre M. Vucic et "exprimé ses profonds regrets", promettant une enquête pour identifier rapidement les auteurs de ces actes.