Intenses combats à Gaza sur fond de pourparlers pour libérer les otages

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L'armée israélienne a étendu lundi son offensive dans le nord de la bande de Gaza où un hôpital a été visé par une frappe meurtrière, selon le Hamas, tandis que les médiateurs faisaient état d'avancées dans les pourparlers visant à libérer des otages aux mains du mouvement islamiste palestinien.

Une frappe israélienne a tué au moins "12 patients et leurs proches" et fait "des dizaines de blessés" dans l'hôpital indonésien situé en bordure du grand camp de réfugiés palestiniens de Jabaliya, au nord de la ville de Gaza, a annoncé le ministère de la Santé du Hamas.

Israël avait auparavant affirmé "étendre ses opérations dans de nouveaux quartiers de la bande de Gaza", notamment dans le secteur de Jabaliya.

Le mouvement islamiste ne cesse de répéter qu'Israël mène "une guerre contre les hôpitaux" de Gaza. Israël accuse de son côté le Hamas, au pouvoir dans le territoire, de se servir des hôpitaux à des fins militaires et d'utiliser les civils qui s'y trouvent comme des "boucliers humains", ce que le mouvement palestinien dément.

En Israël, 1.200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées, selon les autorités, dans l'attaque lancée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza, d'une ampleur et d'une violence jamais vues dans l'histoire du pays.

Selon l'armée, 65 soldats israéliens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre.

En représailles à l'attaque qui a traumatisé le pays, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas et pilonne sans relâche le petit territoire palestinien assiégé, où son armée mène depuis le 27 octobre des opérations terrestres. Mais l'ampleur des destructions et le bilan des victimes suscitent les réprobations d'une partie de la communauté internationale.

- Trêve contre libération ? -

Dans la bande de Gaza, 13.000 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens depuis le 7 octobre, dont plus de 5.500 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L'armée israélienne estime qu'environ 240 personnes ont été prises en otage par le Hamas le 7 octobre et emmenées à Gaza.

Dimanche, le Qatar, qui mène une médiation pour tenter d'obtenir leur libération en échange d'une trêve, a affirmé qu'il ne restait que des obstacles "très mineurs", notamment "logistiques" et "pratiques" en vue d'un accord, sans fournir de calendrier.

L'adjoint au conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden, Jon Finer, a estimé sur NBC que l'accord était "plus proche que jamais" et incluait la libération de "plusieurs dizaines" d'otages contre une "période prolongée de pause, plusieurs jours" dans les combats.

En Israël, où le gouvernement refuse jusqu'ici tout cessez-le-feu sans libération des otages, leurs proches vont rencontrer lundi soir l'ensemble du cabinet de guerre.

Parmi ces otages se trouvait une soldate israélienne de 19 ans, Noa Marciano, dont la dépouille a été retrouvée la semaine dernière près de l'hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, pris d'assaut le 15 octobre par l'armée israélienne.

L'armée a affirmé dimanche que Noa Marciano avait été "transportée vivante" à Gaza et était détenue près de l'hôpital, avant d'être "blessée" lors de combats. "Selon les renseignements que nous avons en notre possession, des renseignements concrets, des terroristes du Hamas l'ont transportée à l'hôpital al-Chifa et l'ont rapidement assassinée", a ajouté le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari.

- Un hôpital assiégé -

Les frappes aériennes se sont intensifiées depuis dimanche tandis que les combats faisaient rage dans le nord de la bande de Gaza, où se concentre l'essentiel des opérations militaires israéliennes contre le Hamas.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 41 membres d'une même famille sont morts dimanche dans une frappe sur leur maison à Jabaliya.

"L'armée israélienne assiège l'hôpital indonésien", où se trouvent "environ 700 malades et soignants", a affirmé lundi le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qidreh, disant redouter "qu'il s'y passe la même chose qu'à al-Chifa".

L'armée israélienne poursuit ses fouilles dans cet immense complexe situé dans la ville de Gaza, qui abritait selon elle un repaire du Hamas, et a dit y avoir découvert un tunnel long de 55 mètres et creusé à 10 mètres de profondeur contenant des "lance-grenades, des explosifs et des kalachnikov".

L'armée a diffusé dimanche soir des images présentées comme venant des caméras de surveillance de cet hôpital et montrant, selon elle, des otages enlevés le 7 octobre.

Environ 2.300 personnes selon l'ONU, des malades, du personnel et des civils qui cherchaient à se protéger des combats étaient restés bloqués pendant des jours dans cet hôpital, cerné par les combats, dans des conditions désastreuses, privés d'eau et d'électricité, avant d'être évacués samedi pour la plupart d'entre eux.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé, dont les experts se sont rendus à al-Chifa, celui-ci hébergeait encore dimanche 20 soignants et plus de 250 patients. L'OMS prépare l'évacuation vers d'autres hôpitaux de Gaza de ces patients incapables de se déplacer sans assistance médicale.

- "Crimes de guerre" -

Plus de 30 bébés prématurés ont été évacués dimanche de l'hôpital al-Chifa vers Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, pour recevoir "des soins urgents dans l'unité de soins intensifs néonatals", a indiqué le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

"Ces bébés ont beaucoup souffert" et ont subi des "séquelles importantes", a expliqué le directeur général des hôpitaux de la bande de Gaza, Mohammed Zaqout, indiquant que huit bébés étaient morts par manque de soins avant leur transfert.

L'ONU a réclamé plusieurs fois la livraison en urgence de carburant, afin d'alimenter les générateurs nécessaires au fonctionnement des appareils médicaux dans les hôpitaux.

Selon l'ONU, plus des deux tiers des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre dans le territoire de 362 kilomètres carrés, soumis depuis le 9 octobre à un "siège complet" par Israël, qui bloque les livraisons de nourriture, d'eau, d'électricité et de médicaments.

Des centaines de milliers d'entre eux s'entassent dans des conditions très précaires dans le sud de la bande de Gaza, qui n'est pas épargné non plus par les bombardements.

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a condamné dimanche les "événements horribles" ce week-end à Gaza, estimant que certaines actions de l'armée israélienne, comme une frappe sur une école de Jabaliya, pourraient constituer des "crimes de guerre".

Dimanche soir, Médecins sans frontières (MSF) a indiqué que 122 patients étaient arrivés en "quelques minutes" à l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de Gaza, après une frappe israélienne à environ un kilomètre de ce complexe où l'ONG est déployée.

"Une catastrophe humanitaire se déroule à Gaza", a déclaré le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi, qui accueille lundi notamment les ministres des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, de l'Indonésie, de l'Égypte, de l'Arabie saoudite et de la Jordanie.