Le Parquet roumain a demandé mardi une peine de prison de 25 ans contre un ancien commandant de prison communiste, Alexandru Visinescu, accusé d'avoir soumis les détenus politiques de Ramnicu Sarat à un "régime d'extermination".
"Le régime instauré par l'inculpé Visinescu visait à liquider les opposants" au régime communiste, a déclaré la procureure lors de la dernière audience, avant l'énoncé du verdict, de ce premier procès d'un ancien tortionnaire communiste présumé.
Isolement, froid, rations insuffisantes de nourriture, coups et sanctions terribles pour le moindre manquement à la discipline: la procureure a évoqué les souffrances et humiliations auxquelles étaient soumis les détenus à Ramnicu Sarat (est), l'une des plus brutales prisons politiques roumaines.
Présent dans la salle d'audience, Alexandru Visinescu, 89 ans, écoutait tantôt d'un air tantôt distrait, tantôt attentif, le réquisitoire à son encontre, au cours duquel il a notamment été traité de "bourreau" par l'un des témoins cités.
"La culpabilité n'appartient pas qu'à moi mais aussi à la direction pénitentiaire", a-t-il lancé lorsque la juge lui a donné la parole, reprenant sa ligne de défense durant l'ensemble du procès.
Cet homme à l'allure frêle et au dos voûté, qui avait dirigé la prison de Ramnicu Sarat entre 1956 et 1963, est jugé depuis septembre pour "crimes contre l'humanité".
Lors de l'audience de mardi, la procureure a estimé que Visinescu devrait être condamné pour "traitements inhumains", les "crimes contre l'humanité" ne figurant pas dans le code pénal en vigueur à l'époque.
"Vu l'âge de l'inculpé, nous sollicitons une peine de 25 ans de prison" et non pas la peine maximale, soit la réclusion à perpetuité, a-t-elle dit.
L'avocate, commise d'office, Valentina Bornea a pour sa part affirmé que son client n'avait fait que "respecter les lois et réglements" qui détaillaient dans les années 1950-1960 le régime de détention réservé aux opposants politiques, plus dur que celui visant les criminels de droit commun.
"Il n'y a aucune preuve quant à l'intention de l'inculpé d'infliger des souffrances supplémentaires par rapport à ce que prévoyait la législation en vigueur", a-t-elle affirmé, demandant l'acquittement de son client.
"On ne peut pas ignorer le contexte dans lequel ces faits présumés ont eu lieu (...), à une époque où en Roumanie on mourrait de faim, surtout dans les campagnes, et non pas seulement en prison", a rappelé l'avocate.
Le verdict dans ce procès qualifié d'"historique", le premier de ce type depuis la chute du régime totalitaire en 1989, est attendu pour le 24 juillet.