Présenté par le procureur comme un proche de l'ex-président Juvénal Habyarimana, le capitaine, 48 ans, était commandant en second de l'Ecole des sous-officiers (ESO) de Butare (sud) au moment des faits.
Selon l'acte d'accusation, il aurait ordonné à ses hommes, « le ou vers le 21 avril 1994 », de tuer Rosalie Gicanda, la veuve de l'avant-dernier roi du Rwanda, Charles-Léon-Pierre Mutara III Rudahigwa.
La reine Gicanda était une figure hautement symbolique pour l'ethnie tutsie dont venaient les monarques rwandais.
Le capitaine aurait par ailleurs dirigé le 30 avril 1994 une attaque contre un couvent de religieuses dans la banlieue de Butare, y tuant 25 enfants identifiés comme Tutsis.
Toujours selon la poursuite, l'officier aurait, dès la nuit du 6 au 7 avril 1994, ordonné à ses hommes de violer les femmes et filles tutsies avant de les tuer. Un ordre que ces militaires auraient exécuté en s'adonnant à plusieurs viols notamment à l'hôpital universitaire de Butare, à l'université et à la résidence de Rosalie Gicanda.
Selon des témoins experts de l'accusation au TPIR, Nizeyimana n'a jamais porté les Tutsis dans son cœur.
« Chef reconnu de la tendance dure chez les militaires de Butare, Nizeyimana était célébré dans des chansons locales pour sa haine virulente à l'égard des Tutsis », écrit feu l'historienne américaine Alison Des Forges dans son livre Aucun témoin ne doit survivre.
Toujours selon Des Forges, le capitaine Nizeyimana et le lieutenant Ildephonse Hategekimana, qui commandait le petit camp militaire de Ngoma, également situé à Butare, s'étaient partagés les « zones de travail » pendant le génocide. Hategekimana a été condamné à la perpétuité le 6 décembre 2010.
« Hategekimana et ses troupes devaient tuer les Tutsis, à Ngoma, à Matyazo et dans d'autres secteurs contigus » tandis que « Nizeyimana et les militaires de l'ESO tuaient dans le centre de la ville de Butare, y compris dans le quartier résidentiel de Buye », affirme-t-elle.
« Des accusations complètement ridicules », a déclaré à l'agence Hirondelle l'avocat canadien du capitaine, John Philpot, pour qui son client est poursuivi, « comme d'autres », parce qu'il a travaillé sous le régime du président Juvénal Habyarimana. Me Philpot nie par ailleurs que l'accusé soit un proche de l'ex-président. « C'était un capitaine comme d'autres, sans aucun lien avec Habyarimana », a protesté le défenseur.
Du côté du procureur, Drew White, également canadien, a annoncé lors d'une « conférence préalable au procès », début décembre 2010, qu'il comptait citer une cinquantaine de témoins à charge, dont d'anciens collègues de l'accusé.
Nizeyimana a été arrêté le 5 octobre 2009 à Kampala, en Ouganda, et transféré le lendemain au centre de détention du TPIR à Arusha (Tanzanie).
ER/GF
© Agence Hirondelle