« Ce sont des accusations montées de toutes pièces. C'est de la propagande », a déclaré l'ancien dirigeant bien calé dans le box des témoins qu'il occupe depuis le début de la semaine dernière. « Le procureur n'a amené aucun témoin ayant participé à ces prétendus entraînements », a-t-il fait remarquer.
Il a indiqué que la question avait été discutée lors d'un conseil des ministres présidé par le Premier ministre Agathe Uwilingiyimana, « qui était de l'opposition », et que l'exécutif avait conclu à l'inexistence de cette formation.
« La propagande était tellement bien orchestrée que moi-même, j'ai failli y croire », a raconté M.Ngirumpatse qui était conduit par son avocat Frédéric Weyl.
Il a tout autant nié que le ministre de la Défense de l'époque, Augustin Bizimana, le directeur de cabinet au ministère, le colonel Théoneste Bagosora, et d'autres officiers aient jamais planifié l'entraînement militaire des « Interahamwe du MRND ».
L'avocat français lui a alors rappelé les témoignages à charge selon lesquels les Interahamwe avaient reçu une formation dans différents camps militaires du pays, dont celui de Bigogwe, dans le nord. « C'est un mensonge. Il y avait des officiers belges au camp Bigogwe. Ils ont nié l'existence de ces entraînements. Ca, c'est un exemple typique », a répondu l'accusé.
L'ex-président du MRND a par ailleurs nié que son parti ait jamais élaboré une liste de Tutsis à tuer. « Ce sont des accusations de propagande. Cette liste est une création pour les besoins du procès. Toutes nos archives (du parti) ont été récupérées par le FPR dans la nuit du 6 avril 1994. Si cette liste avait existé, la première chose que le FPR aurait faite, c'est de la présenter au procureur. Tout cela a été inventé pour établir la théorie de la planification, mais ça n'a jamais existé », a-t-il protesté.
Il a enfin rejeté l'allégation selon laquelle la gendarmerie et l'armée étaient « derrière le MRND ». « C'est totalement faux », a affirmé Ngirumpatse qui sera confronté, à la fin de cet interrogatoire principal, aux questions du procureur.
Poète, musicien et avocat, cet ancien dirigeant est jugé avec l'ancien vice-président du parti, Edouard Karemera qui a déjà terminé sa défense. Inculpés de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité, ils sont notamment poursuivis pour des exactions commises par des membres de leur parti.
ER/GF
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