Lors son témoignage pour sa propre défense le 24 octobre 2005, il avait récusé le terme de génocide et parlé de « massacres excessifs ».
«Je me prosterne devant toutes les victimes du génocide rwandais », a déclaré vendredi le colonel Bagosora, condamné à la prison à vie en décembre 2008, pour crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.
Une fois de plus, il a clamé son innocence et rejeté la responsabilité du génocide sur l'actuel président rwandais Paul Kagame et son ancienne rébellion du Front patriotique rwandais (FPR), actuellement au pouvoir à Kigali.
« Je continue de dire que j'ai été victime de la propagande inlassable du FPR qui a déclenché des massacres qui ont dégénéré dans le génocide dont la planification n'a pas encore été démontrée par le procureur », a-t-il poursuivi.
Bagosora, qui est souvent présenté comme « le cerveau » du génocide, a affirmé, au passage, que le manque de poursuites contre le FPR avait « terni l'image » du TPIR.
« Je soutiens fermement que la chambre de première instance ne s'est fondée sur aucune preuve matérielle pour conclure que les massacres étaient coordonnés et que je les ai coordonnés », a-t- il poursuivi.
L'ancien directeur de cabinet a été condamné pour des crimes perpétrés par des éléments de l'armée rwandaise, du 7 au 9 avril 1994, période au cours de laquelle il était, selon le jugement, la plus haute autorité militaire du Rwanda.
« Je reconnais qu'entre le 6 et le 9 avril 1994, j'ai remplacé le ministre de la Défense Augustin Bizimana (alors en mission à l'étranger) mais avec un pouvoir limité » par une directive ministérielle, a-t-il dit.
« En tant que directeur de cabinet, je ne pouvais pas agir comme un ministre parce que je n'étais pas nanti de tous les pouvoirs ministériels », s'est-il défendu, soulignant qu'il n'assurait que « les affaires courantes ».
Bagosora comparaissait depuis mercredi avec l'ancien commandant des opérations militaires dans la région de Gisenyi (nord), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, également condamné à la perpétuité en première instance.
Ce dernier a affirmé avoir réussi à empêcher ses hommes de participer au génocide. « J'y suis parvenu malgré tout ce qui a été dit », a-t-il clamé, indiquant avoir été « surpris de se retrouver sur la liste des suspects ».
L'arrêt de la chambre d'appel ne devrait pas être prononcé avant plusieurs mois.
ER/GF
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