A la veille du procès à Dakar de l'ex-président tchadien Hissène Habré, le porte-parole des Chambres africaines extraordinaires (CAE) a estimé dimanche que cette instance judiciaire devait prouver que l'Afrique était "capable de juger ses propres enfants".
"L'Union africaine considère que la Cour pénale internationale fait de la justice sélective et ne poursuit que des Africains", a rappelé Marcel Mendy à l'occasion d'une conférence de presse à Dakar.
"Si on peut effectivement accréditer cette thèse, a-t-il poursuivi, l'autre enjeu de ce procès est donc que l'Afrique doit donner la preuve qu'elle est capable de juger ses propres enfants pour que d'autres ne le fassent pas à sa place."
Hissène Habré, 72 ans, en détention depuis deux ans au Sénégal où il a trouvé refuge après avoir été renversé par l'actuel président Idriss Deby Itno, est poursuivi pour "crimes contre l'humanité, crimes de guerre et crimes de torture" sous son régime (1982-1990).
Il sera jugé par les Chambres africaines extraordinaires, tribunal spécial créé par l'Union africaine (UA) en vertu d'un accord avec le Sénégal, comprenant des magistrats sénégalais et africains.
Ce procès inédit doit aussi permettre au continent, où les griefs se multiplient contre la Cour pénale internationale (CPI) siégeant à La Haye, accusée de ne poursuivre que des dirigeants africains, de montrer l'exemple, soulignent des organisations de défense des droits de l'Homme.