Dans des procédures normales, l'accusation n'a jamais cité autant de témoins contre un seul accusé.
Le procureur a « listé 44 témoins et des témoins additionnels pourraient être appelés », a indiqué à l'agence Hirondelle le service de presse du TPIR.
Depuis le début de la procédure lundi, 4 témoins ont été entendus, a ajouté la source sans pouvoir donner une estimation de la durée de ces auditions spéciales, sans précédent dans l'histoire du tribunal.
Ce recueil, qui se déroule à huis clos conformément au règlement de procédure et de preuve du TPIR, vise à préserver les preuves de l'accusation en vue d'un procès futur si l'homme d'affaires est arrêté un jour.
Il ne s'agit donc pas d'un procès par contumace, puisque le juge qui préside les dépositions ne se prononce pas sur la valeur probante des éléments de preuve présentés.
Mercredi, au troisième jour des auditions, l'avocat de permanence désigné pour représenter les intérêts de l'accusé, s'est dit débordé et a demandé le renforcement de son équipe.
Un bref compte-rendu de l'audience indique que Maître Bahame Nyanduga a émis le souhait d'être assisté d'un deuxième avocat. Une fois n'est pas coutume, la partie adverse a appuyé la requête de l'avocat tanzanien, au nom du principe de l'égalité des armes.
En effet, le plaideur tanzanien est le seul, au sein de son équipe, à pouvoir prendre la parole devant le juge Vagn Joensen qui conduit cette procédure, alors que de l'autre côté de la barre, le banc est de loin plus étoffé.
Le juge a « pris note de la requête et a promis de rendre les ordonnances nécessaires » après que le conseil aura discuté de la question avec l'administration du tribunal, toujours selon ce compte-rendu, en anglais.
Les auditions reprendront lundi prochain.
Agé aujourd'hui de 76 ans, Kabuga est inculpé de 11 chefs d'accusation de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Le procureur le présente comme le principal argentier du génocide des Tutsis.
Parti de rien pour bâtir la plus grosse fortune de son pays, en son temps, il fut président du Comité du Fonds de défense nationale (FDN) et du Comité d'initiative de la tristement célèbre Radio-télévision libre des mille collines (RTLM) qui distillait des appels à la haine ethnique.
Pour le procureur du TPIR, Hassan Bubacar Jallow, l'homme d'affaires est un accusé de très haut niveau et il est à craindre que le temps n'érode les preuves de sa responsabilité. D'où ce recueil de dépositions spéciales entamé lundi.
Des procédures du genre doivent démarrer dans les prochaines semaines pour l'ex-ministre de la Défense Augustin Bizimana qui se cacherait en République démocratique du Congo (RDC) et l'ancien commandant de la Garde présidentielle, le major Protais Mpiranya qui bénéficierait de la protection de hauts responsables zimbabwéens. Les deux hommes sont aussi considérés par Jallow comme des poids lourds du génocide. Le règlement du TPIR prévoit que ces auditions se déroulent entièrement à huis clos.
ER/GF
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