Le procès de l'ancien président du Tchad Hissène Habré devant une cour spéciale au Sénégal marque "un tournant pour la justice en Afrique", a estimé lundi le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Zeid Ra'ad Al Hussein.
Ce procès "devant les Chambres extraordinaires africaines" a pu être organisé "grâce aux victimes et à leur inlassable et remarquable quête de justice et d'établissement des responsabilités pour les graves violations des droits de l'Homme perpétrées pendant les huit années du régime Habré", affirme M. Zeid dans un communiqué du HCDH.
Ce procès montre également, ajoute-t-il, que "les dirigeants accusés de crimes graves ne devraient pas supposer qu'ils pourront indéfiniment échapper à la justice".
Le 22 août 2012, un accord a été signé entre le Sénégal, où s'était réfugié Hissène Habre, et l'Union africaine établissant des Chambres extraordinaires africaines au sein de la justice sénégalaise pour poursuivre les auteurs présumés de crimes internationaux commis entre 1982 et 1990 au Tchad, y compris le génocide, les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre et les actes de torture.
L'ex-président tchadien Hissène Habré est jugé à partir de lundi au Sénégal.
C'est la première fois qu'un ancien chef d'Etat africain doit répondre de ses actes devant un tribunal d'un autre pays d'Afrique.
Hissène Habré, 72 ans, est en détention depuis deux ans au Sénégal où il a trouvé refuge après avoir été renversé par l'actuel président Idriss Deby Itno.
Il est poursuivi pour "crimes contre l'humanité, crimes de guerre et crimes de torture" sous son régime (1982-1990) qui ont fait quelque 40.000 morts, selon les organisations de défense des droits de l'Homme.