La guerre dévastatrice ne connaît pas de répit mardi à Gaza entre Israël et le Hamas palestinien, qui ont dénoncé les mandats d'arrêt réclamés à la Cour pénale internationale (CPI) contre leurs dirigeants pour crimes contre l'humanité présumés.
Au moins 85 Palestiniens ont été tués ces dernières 24 heures à travers la bande de Gaza assiégée par Israël, ce qui porte à 35.647, la plupart des civils, le bilan des morts dans le territoire palestinien, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du territoire palestinien dirigé par le Hamas.
La guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre contre le sud d'Israël, a provoqué une catastrophe humanitaire avec la majorité des quelque 2,4 millions d'habitants menacés de famine et trois quarts déplacés d'après l'ONU.
"Franchement, nous manquons de mots pour décrire ce qui se passe à Gaza. Nous l'avons décrit comme une catastrophe, un cauchemar, un enfer sur terre. C'est tout cela, et pire encore", a résumé la directrice des opérations pour le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Edem Wosornu, devant le Conseil de sécurité de l'ONU.
Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive de grande envergure contre la bande de Gaza en représailles à l'attaque du 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur les 252 personnes emmenées comme otages durant l'attaque, 124 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 mortes selon l'armée.
Considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, le Hamas a pris le pouvoir en 2007 à Gaza, une bande de terre voisine du sud d'Israël.
- Hôpital assiégé -
Dans le nord du territoire, le fonctionnement de deux hôpitaux, situés près du camp de Jabalia, sont menacés par les combats entre les soldats israéliens et le Hamas.
L'hôpital al-Awda est assiégé depuis trois jours, a affirmé à l'AFP un responsable de l'établissement, Mohammad Saleh, en faisant état de tirs israéliens sur les bâtiments de l'hôpital et de "snipers présents aux alentours et dans les maisons adjacentes".
Rik Peeperkorn, responsable de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour les Territoires palestiniens, a signalé une "intensification des hostilités" autour de l'hôpital Adwan.
Dans le sud de la bande de Gaza, Israël a lancé le 7 mai des opérations au sol dans certains secteurs de Rafah en dépit de l'opposition de la communauté internationale, dont le grand allié américain, qui s'inquiète pour plus d'un million de civils piégés dans cette ville.
L'armée a ordonné des évacuations massives de Rafah où elle dit vouloir détruire les derniers bataillons du Hamas, son réseau de tunnels, et sauver les otages.
"Depuis octobre 2023, 75% de la population de Gaza, soit 1,7 million de personnes, ont été déplacés de force à l'intérieur de Gaza, beaucoup jusqu'à quatre ou cinq fois, notamment en raison des appels répétés à évacuer émis par l'armée israélienne", a indiqué Edem Wosornu.
- "Niveaux de faim catastrophiques" -
Shaima Nassel, une mère de sept enfants originaire de Gaza, s'est réfugiée dans une école de Khan Younès, où des hommes tentent de la rendre habitable en enlevant les gravats.
"Les six premiers mois de la guerre, j'ai vécu dans le nord. On a vu la mort. On a bougé d'école en école six ou sept fois, sous les roquettes. Nous avons vu des roquettes tuer des enfants devant nous", dit-elle.
Depuis qu'Israël a pris le 7 mai le contrôle côté palestinien du poste-frontière de Rafah avec l'Egypte, l'acheminement de l'aide humanitaire est quasiment à l'arrêt, notamment le carburant, indispensable aux hôpitaux et à la logistique humanitaire.
Selon Mme Wosornu, 1,1 million de personnes dans le territoire palestinien font face à des "niveaux de faim catastrophiques".
L'agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens, l'Unrwa, a annoncé suspendre ses distributions de nourriture à Rafah "en raison du manque de fournitures et de l'insécurité".
- "Ignoble" -
Dans ce contexte, le procureur de la CPI, Karim Khan, a déclaré lundi avoir demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour des crimes tels que "le fait d'affamer délibérément des civils", "homicide intentionnel" et "extermination et/ou meurtre".
Des dirigeants du Hamas sont également visés par cette demande de mandats d'arrêt, pour "extermination", "viol et autres formes de violence sexuelle" et "prise d'otages en tant que crime de guerre".
M. Netanyahu a "rejeté avec dégoût la comparaison du procureur de La Haye entre Israël" et le Hamas, son ministre de la Défense dénonçant une décision "ignoble".
Le Hamas a condamné "les tentatives du procureur (...) d'assimiler la victime au bourreau".
- Direct d'AP sur Gaza à nouveau autorisé -
Lundi, le président américain Joe Biden a fustigé une démarche "scandaleuse" de la CPI à l'égard des dirigeants israéliens.
Pour la France, les "demandes simultanées" de mandats d'arrêt contre des dirigeants israéliens et du Hamas "ne doivent pas" mettre sur le même plan ce mouvement et Israël.
Par ailleurs, sous la pression de la Maison Blanche, Israël est revenu sur sa décision d'interrompre la retransmission par l'agence de presse américaine AP de sa vidéo en direct de la bande de Gaza.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, l'Autorité palestinienne a annoncé la mort de sept Palestiniens tués par lors d'une opération à Jénine, bastion de groupes armés palestiniens.