Selon le Statut de la Cour, le Conseil de sécurité peut suspendre pendant un an, renouvelable, des poursuites intentées par la CPI si elles présentent un risque pour la paix et la sécurité internationale. Mais c'est ce même Conseil de sécurité qui, le 26 février, avait saisi la Cour des crimes commis en Libye depuis le début de la révolte, car Tripoli n'a pas ratifié le traité de la Cour, et en rejette la compétence.
Cette décision de l'organisation continentale reflète plus sa défiance envers la Cour, et plus particulièrement son procureur, qu'un soutien au chef de l'Etat libyen, dont elle demande par ailleurs le retrait.
Dans une déclaration à l'agence de presse chinoise Xinhua, le président de la commission de l'Union africaine, Jean Ping, a déclaré que l'organisation n'avait « pas encore de cour criminelle », mais « il ne reste plus que la ratification des chefs d'Etat et la cour criminelle sera opérationnelle. C'est en raison de tout ce qu'on observe » a-t-il précisé. L'UA envisage, depuis longtemps, de créer sa propre Cour pénale ou d'étendre le mandat de la Cour africaine des droits de l'homme.
Dans un document commun, 125 ONG ont, à l'ouverture du sommet, déclaré qu'elles ne s'opposaient pas au principe de la tenue de procès devant une Cour africaine, mais ont estimé qu'une telle Cour ne doit pas « nuire au rôle de la CPI en temps que tribunal crucial de dernier recours lorsque l'obligation de rendre des comptes pour les crimes graves n'est pas possible autrement ».
Malgré le large soutien des organisations non gouvernementales à la Cour pénale internationale, l'UA poursuit sa bataille contre l'institution de La Haye. Depuis les demandes de mandats d'arrêt à l'encontre du président soudanais, Omar Al-Béchir, en juillet 2008, l'UA s'oppose ouvertement à la Cour. Elle reproche notamment au procureur de n'avoir, à ce jour, ciblé que des ressortissants de pays africains.
Depuis l'adoption du traité de Rome en juillet 1998, trente-deux Etats africains ont ratifié le traité de Rome instituant la Cour.
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