Jean Logo Ndegatchu, un ancien enseignant, travaille pour la défense de M. Katanga depuis février 2008. Il est d'ethnie Hema, contre laquelle se sont battus les Ngiti, ethnie de l'accusé en faveur duquel il dépose. Ancien commandant dans les Forces patriotiques de résistance de l'Ituri (FPRI), Germain Katanga est accusé de crimes contre l'humanité commis le 24 février 2003 lors de l'attaque de Bogoro qui aurait fait, selon le procureur, plus de 200 morts.
D'entrée, Jean Logo Ndegatchu a prévenu la Cour : il n'est pas un militant. « J'ai eu des contacts avec des gens qui ont des activités politiques, mais formellement, je n'ai jamais fait partie d'un parti politique. Je n'ai été ni milicien, ni porteur d'armes, ni formellement un membre politique », explique-t-il en souriant. « Lorsqu'il y a un coup de feu qui retentit, mon premier réflexe est de fuir très loin. Je suis très peureux sur ce plan là », avoue-t-il. En mai 1990, lors du massacre de l'université de Lubumbashi, sous le régime de Mobutu, le témoin était alors étudiant en économie.
Au cours de l'audition des témoins de la défense, le procureur a tenté de mettre en cause le professionnalisme de l'enquêteur et la validité des investigations conduites par la défense. Pendant son interrogatoire, l'avocat de Germain Katanga, maître David Hooper, a donc tenté de faire tomber ces suspicions.
Lorsqu'il est contacté par les avocats de l'accusé, en février 2008, Jean Logo Ndegatchu travaille alors à Kinshasa, mais décide de s'installer en Ituri, pour les besoins de l'enquête. « Je ne connaissais pas les personnes, mais étant fils du terroir, j'ai eu des contacts. Notamment depuis Kinshasa, des anciens miliciens qui ont été incorporés dans l'armée régulière. J'ai aussi eu des contacts avec des personnalités politiques de l'Ituri, et puis certaines personnes indépendantes ».
Visiblement fier d'avoir élaboré ses propres techniques d'enquête, le témoin a expliqué aux trois juges sa méthode. « Je me suis dit que j'allais mener mes recherches de façon scientifique. J'ai choisi la méthode dialectique, c'est une conception intellectuelle. Je devais avoir recours à des procédés opératoires. C'est d'abord l'observation. Puis c'est le questionnaire. Après, j'ai eu recours à des entrevues, des entretiens. Après, j'ai fait un survol historique. Après cela, j'ai utilisé la technique documentaire. Ensuite, j'ai analysé le contenu de ces documents. Voilà comment j'ai procédé au niveau opérationnel » a-t-il déclaré, pédagogue.
La défense a ensuite présenté des pièces à convictions dont des cartes, des photos prises par le témoin et des documents récoltés grâce à ses contacts. Pour poursuivre l'interrogatoire, il a fallu l'intervention de l'Unité de protection des victimes et témoins, appelée à la rescousse pour aller chercher les lunettes du témoin, oubliées dans son hôtel.
Jean Logo Ndegatchu est le 19ème et dernier témoin présenté, à ce stade, par la défense. Trois d'entre eux ont déposé sous pseudonyme.
Germain Katanga pourrait lui aussi venir à la barre, suite à la présentation des témoins de Mathieu Ngudjolo, qui doivent commencer à déposer à partir du 15 août. Le procès des deux anciens miliciens a débuté le 24 novembre 2009.
SM/GF
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