L'Iran a dénoncé mercredi un rapport d'experts de l'ONU publié cette semaine accusant la République islamique d'avoir commis un "génocide" contre des opposants et une minorité religieuse dans les années 80.
Le rapporteur spécial sur la situation des droits humains en Iran, Javaid Rehman, a demandé lundi une enquête internationale sur des "persécutions et attaques" visant notamment les minorités religieuses, et les opposants politiques après la Révolution islamique.
"Les atrocités que constituent les exécutions sommaires, arbitraires et extrajudiciaires en 1981-1982 et en 1988 équivalent à des crimes contre l'humanité de meurtre et d'extermination, ainsi qu'à un génocide", avait affirmé cet expert indépendant dans un rapport rendu public lundi.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iraniennes, Nasser Kanani, a "vivement condamné" la publication du texte comme "une tentative des ennemis" pour "ternir l'image" de l'Iran.
"Les affirmations de ce rapporteur n'ont aucun fondement légal et sont totalement rejetées", a ajouté le diplomate, accusant l'expert de l'ONU d'avoir "abusé de sa position".
"Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme (de l'ONU, NDLR) a la responsabilité légale de prévenir les abus (...) et la poursuite des objectifs personnels ou collectifs partiaux contre les pays", a indiqué M. Kanani.
Téhéran "se réserve le droit légal de protester contre ce mauvais processus poursuivi par certaines institutions des droits de l'homme", a-t-il ajouté.
Les experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l'homme ne s'expriment pas au nom de l'ONU.
M. Rehman avait indiqué notamment que des femmes et enfants avaient été exécuté à l'époque, et que les marxistes, athées et d'autres non-croyants avaient également été victimes d'un génocide.
Il a en outre dénoncé la persécution des fidèles du bahaïsme, une religion monothéiste fondée au début du 19e siècle en Iran, dont le centre spirituel est dans la ville israélienne de Haïfa.
M. Rehman avait insisté sur le fait que "le régime iranien et ses dirigeants ne devraient pas pouvoir échapper aux conséquences de leurs crimes contre l'humanité et du génocide".
L'expert a déploré que "le gouvernement iranien continue de nier les 'crimes atroces', dont les auteurs n'ont pas été traduits en justice".