Le Pérou a approuvé vendredi une loi déclarant prescrits les crimes contre l'humanité commis avant 2002, qui devrait bénéficier à l'ancien président Alberto Fujimori et à des centaines d'autres officiers accusés d'exactions pendant le conflit interne des années 1980 et 1990.
La loi, publiée au journal officiel, a été approuvée malgré une résolution de la Cour interaméricaine des droits de l'homme mi-juin réclamant la suspension du processus législatif.
Le texte, voté début juillet par le parlement, devrait mettre un terme aux centaines d'enquêtes en cours sur les crimes présumés commis pendant le conflit interne qui a fait quelque 69.000 morts et 21.000 disparus entre 1980 et 2000.
M. Fujimori a déjà été condamné en 2009 à 25 ans de prison pour avoir commandité deux massacres perpétrés en 1991 et 1992 par des escadrons de la mort dans le quartier de Lima "Barrios Altos" (quinze morts dont un enfant) et à l'Université de la Cantuta (dix morts).
Après 16 années passées en prison, l'ancien président de 86 ans a été libéré le 7 décembre 2023 pour raisons de santé, malgré l'objection de la justice interaméricaine.
Selon la nouvelle loi, "nul ne peut être poursuivi, condamné ou puni pour crime contre l'humanité ou crime de guerre pour des actes commis avant le 1er juillet 2002", date d'entrée en vigueur du Statut de Rome, traité fondateur de la Cour pénale internationale, qui stipule que les crimes les plus graves sont imprescriptibles.
"Aucun acte antérieur à cette date ne peut être qualifié de crime contre l'humanité ou de crime de guerre", précise la loi, qui doit entrer en vigueur samedi.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a dénoncé l'adoption de cette loi, la jugeant contraire au droit international. "Je regrette profondément" que cette loi "soit sur le point d'entrer en vigueur", a déclaré Volker Türk dans un communiqué.