Le Parlement du Népal a adopté mercredi des amendements à sa loi de justice transitionnelle, attendus de longue date pour traiter la question des crimes de guerre commis durant l'insurrection maoïste des années 1996-2006.
Tant les forces de sécurité que les rebelles ont été accusés de tortures, meurtres, viols et disparitions forcées durant les dix ans de l'insurrection, qui a fait plus de 16.000 morts et un millier de disparus.
"Nous avons fait passer ce texte grâce à un accord unanime", a déclaré au Parlement le Premier ministre KP Sharma Oli, soulignant que les changements apportés à la loi de justice transitionnelle dont s'est doté le pays après l'accord de paix de 2006 étaient "centrées sur les victimes".
L'accord de paix avait fait entrer les maoïstes sur la scène politique, mis fin à 240 ans de monarchie hindoue, transformé le Népal en République fédérale laïque, et intégré les anciens rebelles aux forces armées du pays.
Mais les autorités ont été accusées d'échouer à instruire correctement les dossiers de crimes de guerre, dont pas un seul n'a été mené à bien par les deux commissions créées en 2015, malgré les plus de 60.000 plaintes reçues.
"Nous devons mettre en oeuvre ce travail historique et sensible, dans le consensus, sans biais ni indulgence", a déclaré au Parlement Pushpa Kamal Dahal, un ancien chef rebelle devenu tête de file de l'opposition.
Mais victimes et militants mettent en garde contre des points problématiques qui demeurent sur la définition et la classification des violations des droits humains.
"Il y a des améliorations, mais de telles classifications laissent du champ pour l'impunité et pour que les auteurs (de crimes) échappent à la justice", a dit à l'AFP Mandira Sharma, de l'ONG Commission internationale de juristes.
Les critiques affirment que les amendements risquent également de priver les victimes d'accès à l'indemnisation.
Suman Adhikari, dont le père a été tué par les rebelles maoistes en 2002, a dit à l'AFP que nombre de victimes avaient perdu espoir.
"S'il y a de la sincérité dans l'intention de rendre justice aux victimes, alors comment se fait-il que les commissions n'aient rien fait toutes ces années ?", a-t-il dit.
Seules deux condamnations liées aux crimes commis durant la guerre civile ont été prononcées devant les tribunaux.
L'une concernait le meurtre d'une adolescente, l'autre celui d'un journaliste.