Accusé de crimes contre l'humanité commis en Centrafrique en 2002 et 2003, le sénateur congolais est en procès devant la Cour pénale internationale (CPI) depuis le 22 novembre 2010. Selon les prévisions du Greffe, ce procès prendra fin aux alentours de décembre 2012.
Depuis début juin, Jean-Pierre Bemba bataillait pour obtenir une mise en libération provisoire « pendant 17 heures », afin de pouvoir exercer « ses droits civiques ». Le sénateur congolais proposait de se rendre « en jet privé » en RDC et de rester une heure sur le sol congolais, le temps d'obtenir sa carte d'électeur et de s'inscrire comme candidat auprès de la commission électorale à Kinshasa. Il précisait en outre que les frais de voyage seraient pris en charge par sa famille et ses amis.
Déboutés fin juin par la chambre de première instance, puis par les juges d'appel, ses avocats avaient déposé une nouvelle demande, fin août, à laquelle ils joignaient une lettre du président du Sénat de la RDC, estimant que ce document offrait des garanties supplémentaires et constituait un accord de principe du gouvernement congolais. L'argument a été rejeté par les juges.
Pour la chambre, l'accusé « présente toujours un risque de fuite » et son intérêt à participer « au processus démocratique » n'annule pas ce risque. Les trois magistrats soulignent que leur refus se base uniquement sur les risques de fuite, et « ne peut pas être considéré comme une restriction déraisonnable de ses droits démocratiques ».
Jean-Pierre Bemba s'était aussi engagé à revenir devant la CPI, stipulant qu'il ne désirait pas vivre comme un fugitif. Mais les juges affirment que la chambre n'a pas les moyens « de savoir si un détenu dit la vérité quand il (...) promet de revenir en prison s'il obtient une mise en libération provisoire ». Pour les juges, le sénateur congolais a les moyens logistiques et financiers de fuir.
Son leader incarcéré, le Mouvement pour la libération du Congo, pourrait choisir de soutenir l'un des autres candidats de l'opposition à la présidentielle du 28 novembre. Les candidats ont jusqu'au 11 septembre pour se faire enregistrer.
En juillet 2009, Jean-Pierre Bemba avait été autorisé à se rendre aux obsèques de son père, Jeannot Bemba, en Belgique. En janvier 2011, l'accusé avait aussi pu assister aux funérailles de sa belle-mère. En décembre 2010, il avait demandé une mise en liberté « pour raisons humanitaires », pour pouvoir se rendre au chevet de sa grand-mère en RDC, mais avait été débouté.
Jean-Pierre Bemba a été arrêté dans sa résidence en banlieue de Bruxelles, en Belgique, le 24 mai 2008. Il avait été transféré à la prison de la CPI le 3 juillet.
SM/ER/GF
© Agence Hirondelle