Le parquet vénézuélien réclame l'arrestation du président argentin Javier Milei dans le cadre de l'affaire de l'avion vénézuélien saisi en juin 2022 à Buenos Aires et envoyé aux Etats-Unis, a annoncé mercredi le procureur général Tarek William Saab.
"Vol aggravé, blanchiment d'argent, privation illégale de liberté (...) mise hors service d'un aéronef, association de malfaiteurs (...) Le ministère public vénézuélien (...) traite actuellement des mandats d'arrêt contre les citoyens suivants : Javier Milei, président de l'Argentine, Karina Milei, secrétaire générale de la présidence argentine, et Patricia Bullrich, ministre de la Sécurité de l'Argentine", a annoncé M. Saab.
L'imbroglio entre les deux pays remonte au 8 juin 2022, lorsque la justice argentine avait immobilisé sur son sol un avion cargo vénézuélien.
Les 19 membres d'équipage avaient été retenus, puis libérés. Parmi eux figuraient quatre Iraniens dont un était, selon Washington, un ancien commandant des Gardiens de la révolution, une organisation classée comme terroriste par les Etats-Unis.
Les Etats-Unis avaient ensuite demandé la saisie de l'appareil, arguant qu'il avait été vendu en octobre 2021 à Emtrasur, filiale de la compagnie aérienne publique vénézuélienne Conviasa, par la compagnie iranienne Mahan Air, en violation des sanctions américaines.
L'Argentine a remis l'avion aux États-Unis en février sous la nouvelle présidence de Javier Milei.
Dans un communiqué publié mercredi dans la soirée (heure locale) par le ministère argentin des Affaires étrangères a indiqué que le pays a "répudié les mandats d'arrêt", soulignant la séparation des pouvoirs en vigueur en Argentine, "ce qui n'est malheureusement pas le cas au Venezuela sous le régime de Nicolas Maduro".
- "Compétence universelle" -
M. Saab a par ailleurs demandé la nomination d'un "procureur spécialisé" pour "enquêter sur les graves violations des droits de l'Homme commises par les agents de l'Etat argentin" sur le sol vénézuélien, évoquant un "génocide" et "des politiques de répression à l'encontre des manifestations sociales et des personnes âgées".
"Un Etat peut exercer une compétence universelle", a-t-il estimé, promettant que M. Milei et Mme Bullrich "seront traduits en justice".
La Cour pénale internationale (CPI) enquête depuis plusieurs années sur des crimes contre l'humanité présumés qu'aurait commis le gouvernement au Venezuela en 2017 lors de manifestations de l'opposition. Quelque 200 personnes avaient été tuées.
Diamétralement opposés idéologiquement, les deux présidents vénézuélien Nicolas Maduro et argentin Javier Milei se critiquent, voire s'insultent, régulièrement à distance.
L'Argentine a accueilli en mars à la résidence de l'ambassade six cadres de l'opposition vénézuélienne, dont des responsables de la campagne électorale accusés de "conspiration" qui voulaient échapper à leur arrestation.
Le Venezuela a rompu le 29 juillet ses relations diplomatiques avec sept pays d'Amérique latine, dont l'Argentine, qui ne reconnaissaient pas la réélection contestée de M. Maduro face à l'opposition qui revendique la victoire.
Le Brésil avait pris en charge la gestion des missions diplomatiques argentines mais Caracas a révoqué l'autorisation donnée au Brésil, créant de nouvelles tensions.