Un important chef du Hezbollah éliminé par Israël dans une frappe près de Beyrouth

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Un important chef du mouvement libanais Hezbollah a été tué vendredi dans une frappe israélienne près de Beyrouth qui a fait 12 morts, au moment où le front de la guerre à Gaza se déplace vers le Liban.

Ce raid constitue un nouveau coup dur pour le Hezbollah après une série d'explosions meurtrières cette semaine ayant visé ses systèmes de transmission, imputées à Israël. L'ONU, "très inquiète", a appelé à la "désescalade" et à la "retenue maximale".

"Des avions de combat de l'armée de l'air israélienne ont effectué une frappe ciblée (sur) Beyrouth, éliminant Ibrahim Aqil, chef de l'unité des opérations du Hezbollah, commandant de l'unité Radwan", a déclaré un porte-parole de l'armée dans un communiqué.

Il a ajouté qu'une "dizaine de commandants" du Hezbollah, "responsables des tirs de roquettes quotidiens" sur Israël, avaient été tués dans le raid.

Une source proche du Hezbollah a indiqué qu'Aqil avait été tué "lors d'une réunion avec des commandants".

Douze personnes ont péri et 66 autres ont été blessées, dont neuf grièvement, dans le raid israélien sur la banlieue sud de Beyrouth, selon le ministère libanais de la Santé.

Il s'agit du deuxième haut commandant militaire du Hezbollah éliminé par Israël depuis que le mouvement pro-iranien a ouvert le front du sud du Liban il y a près d'un an, "en soutien" au Hamas palestinien dans sa guerre contre Israël dans la bande de Gaza.

Les Etats-Unis avaient offert une récompense de 7 millions de dollars pour toute information sur Ibrahim Aqil, qui était recherché par Washington pour son implication dans les sanglants attentats anti-américains de Beyrouth en 1983.

- "Terrible châtiment" -

Un photographe de l'AFP présent sur le lieu de la frappe a vu un immeuble effondré et des secouristes évacuant des victimes au milieu de scènes de chaos.

"Le ciblage d'une zone résidentielle peuplée prouve une fois de plus que l'ennemi israélien ne tient compte d'aucune considération humanitaire ou juridique", a dénoncé le Premier ministre libanais, Najib Mikati, dans un communiqué.

Le Hamas a condamné une "agression violente et terroriste" alors que l'armée israélienne a assuré ne pas rechercher "une large escalade" dans la région.

Après les spectaculaires explosions, attribuées à Israël, d'appareils de transmission utilisés par des membres du Hezbollah mardi et mercredi, les échanges de tirs se sont intensifiés depuis jeudi entre l'armée israélienne, qui a mené des dizaines de frappes dans le sud du Liban, et le mouvement islamiste.

L'armée a annoncé vendredi qu'environ 140 roquettes avaient été tirées du Liban vers Israël à la mi-journée. Le Hezbollah a revendiqué des tirs de roquettes sur plusieurs sites militaires israéliens, dont une base des renseignements.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait assuré jeudi qu'Israël allait recevoir "un terrible châtiment" après les explosions d'appareils de transmission.

Israël n'a pas commenté cette attaque, survenue dans des places fortes du Hezbollah, dans la banlieue sud de Beyrouth ainsi que dans le sud et l'est du Liban, qui a fait en deux jours 37 morts et 2.931 blessés.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir en urgence vendredi après cette attaque, qui a encore ravivé les craintes d'un embrasement du Proche-Orient.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, va retarder son départ prévu aux Etats-Unis en raison de la situation dans le nord du pays, a annoncé un responsable.

- Scène "terrifiante" -

Jeudi soir, Israël avait multiplié les raids aériens dans le sud du Liban, disant avoir visé notamment des systèmes lance-roquettes du Hezbollah et frappé "environ 100 lanceurs" et d'autres infrastructures "représentant environ 1.000 canons".

Selon l'agence de presse libanaise ANI, l'aviation israélienne a frappé la région au moins 52 fois.

Elie Rmeih, un commerçant de la localité de Marjayoun dont la maison est située dans une zone exposée, décrit "une scène terrifiante qui n'avait rien à voir avec ce que nous avons vu" depuis le début des échanges de tirs transfrontaliers entre le Hezbollah et l'armée israélienne en octobre 2023.

La première vague d'explosions de bipeurs est survenue mardi peu après l'annonce par Israël qu'il étendait ses objectifs de guerre jusqu'au front nord, c'est-à-dire la frontière avec le Liban, pour permettre le retour chez eux de dizaines de milliers d'habitants déplacés par les violences.

Les principaux objectifs affichés jusqu'à présent étaient la destruction du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et le retour des otages retenus dans le territoire palestinien.

"Vous ne pourrez pas ramener les habitants du nord" chez eux, a rétorqué Hassan Nasrallah. "Le front du Liban avec Israël restera ouvert jusqu'à la fin de l'agression à Gaza", a-t-il affirmé.

- "Agression cyberterroriste" -

Après les explosions des systèmes de transmission du Hezbollah, le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib, a annoncé le dépôt d'une plainte auprès du Conseil de sécurité de l'ONU suite à "l'agression cyberterroriste israélienne qui constitue un crime de guerre".

Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, ont promis "une réponse écrasante du front de la résistance", nom donné par l'Iran aux groupes armés de la région hostiles à Israël.

Pendant ce temps, les bombardements se poursuivent sur la bande de Gaza assiégée, où deux frappes israéliennes ont fait au moins 14 morts vendredi matin, selon la Défense civile.

L'une d'elles a visé une maison du camp de Nousseirat (centre), faisant huit morts, tandis que six personnes, dont des enfants, ont été tuées dans le bombardement d'un immeuble dans la ville de Gaza (nord), selon cette source.

La guerre a éclaté le 7 octobre 2023, quand des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens qui inclut les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.

Sur les 251 personnes enlevées pendant l'attaque, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée.

Plus de 41.272 Palestiniens ont été tués dans l'offensive israélienne lancée en représailles sur la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, jugées fiables par l'ONU.