Deux chefs du Hezbollah tués dans la frappe israélienne près de Beyrouth

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Le Hezbollah a annoncé samedi la mort de deux de ses chefs dans la frappe israélienne de la veille près de Beyrouth, qui a visé sa force d'élite et fait au total 31 morts, portant un nouveau coup au mouvement islamiste libanais après les explosions de ses appareils de transmission.

"Très inquiète", l'ONU a appelé à la "désescalade" et à la "retenue maximale", au moment où le front de la guerre dans la bande de Gaza s'étend au Liban.

Dans le territoire palestinien assiégé depuis le début de l'offensive israélienne contre le Hamas il y a près d'un an, la Défense civile a annoncé samedi la mort de 19 personnes dans un bombardement sur une école de la ville de Gaza, dans le nord, où des milliers de déplacés avaient trouvé refuge.

L'armée a affirmé avoir visé des combattants du mouvement islamiste palestinien.

Parallèlement, les échanges de tirs se sont intensifiés ces derniers jours entre l'armée israélienne et le Hezbollah, allié du Hamas et soutenu par l'Iran, de part et d'autre de la frontière nord d'Israël avec le Liban.

Samedi, l'armée a annoncé avoir visé des sites du mouvement au Liban. Le Hezbollah a affirmé avoir tiré des roquettes vers deux sites militaires du nord d'Israël.

Des journalistes de l'AFP ont signalé d'intenses bombardements dans différentes zones du sud du Liban.

La veille, un bombardement israélien sur la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah, a fait 31 morts dont trois enfants, selon un bilan officiel libanais.

La frappe, qui a laissé un immense cratère dans le sol, a touché une zone densément peuplée où les secouristes, aidés par des bulldozers, continuaient samedi à fouiller les décombres.

Une source proche du Hezbollah a annoncé samedi que la frappe avait visé une réunion, dans le sous-sol d'un immeuble, du commandement de la force d'élite du mouvement, l'unité Radwan, dont 16 membres ont été tués.

Parmi eux se trouvaient Ibrahim Aqil, le chef de cette unité, ainsi qu'un autre haut commandant de l'unité d'élite. Il s'agit d'Ahmed Mahmoud Wahbi, qui avait dirigé jusqu'au début de cette année les opérations militaires de l'unité Radwan en soutien au Hamas, a indiqué samedi le Hezbollah.

Ibrahim Aqil est le deuxième haut commandant militaire du Hezbollah éliminé par Israël depuis que ce mouvement a ouvert en octobre 2023 le front du sud du Liban.

- "Terrible châtiment" -

L'Iran a condamné une "violation flagrante (...) de l'intégrité territoriale" du Liban, alors que l'armée israélienne a assuré ne pas rechercher "une large escalade" dans la région.

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a affirmé que cette frappe sur une zone habitée "prouvait une fois de plus que l'ennemi israélien ne tient compte d'aucune considération humanitaire".

Les tensions dans la région sont encore montées après les spectaculaires explosions mardi et mercredi, attribuées à Israël, des appareils de transmission utilisés par des membres du Hezbollah, qui ont fait 37 morts et 2.931 blessés à travers le Liban.

Le chef du mouvement, Hassan Nasrallah, avait menacé Israël d'un "terrible châtiment".

Israël n'a pas commenté ces attaques, survenues dans la banlieue sud de Beyrouth ainsi que dans le sud et l'est du Liban, deux autres bastions du Hezbollah.

Le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib, a annoncé le dépôt d'une plainte auprès du Conseil de sécurité de l'ONU suite à "l'agression cyberterroriste israélienne qui constitue un crime de guerre".

- Appareils "piégés" -

Le droit international "interdit" l'utilisation d'appareils "piégés" ayant l'apparence d'objets "inoffensifs", a lancé vendredi devant le Conseil de sécurité le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk.

"Cibler de façon simultanée des milliers d'individus, que ce soit des civils ou des membres de groupes armés, sans savoir qui est en possession des appareils concernés (...) viole le droit humanitaire international", a-t-il affirmé.

La première vague d'explosions de bipeurs est survenue mardi peu après l'annonce par Israël qu'il étendait ses objectifs de guerre jusqu'au front nord, c'est-à-dire la frontière avec le Liban, pour permettre le retour chez eux de dizaines de milliers d'habitants déplacés par les violences.

Les principaux objectifs affichés jusqu'à présent étaient la destruction du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, et le retour des otages retenus dans le territoire palestinien.

"Vous ne pourrez pas ramener les habitants du nord" chez eux, a rétorqué Hassan Nasrallah. "Le front du Liban avec Israël restera ouvert jusqu'à la fin de l'agression à Gaza", a-t-il affirmé.

La guerre dans la bande de Gaza a éclaté le 7 octobre 2023, quand des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens qui inclut les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.

Sur les 251 personnes enlevées pendant l'attaque, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée.

Au moins 41.391 Palestiniens ont été tués dans l'offensive israélienne lancée en représailles sur la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, jugées fiables par l'ONU.