La junte birmane bombarde une ville aux mains de l'opposition quelques heures après une offre de pourparlers

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La junte birmane a effectué vendredi de nouvelles frappes contre une ville aux mains de l'opposition, quelques heures après avoir lancé une invitation inédite à ses adversaires à des négociations pour mettre un terme à la guerre civile.

Les deux principaux mouvements auxquels cette offre était adressée l'ont rejetée.

Cet appel du pied des généraux birmans est survenu après des revers militaires majeurs sur le terrain face aux groupes ethniques rebelles et aux nouvelles forces partisanes du rétablissement de la démocratie qui se sont dressés contre le régime né du putsch de février 2021.

Ces formations se sont emparées de plusieurs postes-frontières et, le mois dernier, de Lashio, une cité de 150.000 âmes, le plus grand centre urbain conquis depuis 1962 par les rebelles, en l'occurrence des combattants de l'Armée de l'Alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA).

Quelques heures à peine après l'invitation de la junte, des avions ont bombardé Lashio, dans l'Etat Shan (nord).

"Il y a eu deux explosions et j'ai entendu dire que cinq personnes avaient été tuées et que de nombreuses personnes avaient été blessées", a raconté à l'AFP un de ses habitants, qui a requis l'anonymat pour des raisons de sécurité.

Un diplomate basé à Rangoun a de son côté, également sous couvert d'anonymat, déclaré : "jusqu'à présent, je n'ai pas constaté de tendance à une réconciliation sérieuse".

La MNDAA n'a pas pu être jointe mais l'Union nationale Karen, qui lutte pour l'autonomie le long de la frontière thaïlandaise, a jugé que des pourparlers ne seraient envisageables que si l'armée se mettait à l'écart de la politique, acceptait une nouvelle Constitution et était tenue pour responsable de "crimes de guerre et crimes contre l'humanité".

"Si elle n'est pas d'accord, nous continuerons à faire pression sur elle politiquement et militairement", a dit à l'AFP son porte-parole Padoh Saw Taw Nee.

Il est très peu probable que la junte accepte ces conditions, soulignent les analystes.

Un porte-parole des Forces de défense du peuple (FDP) de Mandalay qui ont conquis des territoires situés dans les collines autour de cette ville, la deuxième du pays, a également rejeté l'offre des militaires.

"Cette invitation ne changera rien à notre façon d'agir", a ainsi réagi Osmond, son pseudonyme.

Selon les analystes, il s'agissait d'un geste de bonne volonté envers le voisin chinois, un allié majeur des généraux au pouvoir en Birmanie et dont la vaste initiative des Nouvelles routes de la Soie comprend d'importants projets dans ce pays.

"La Chine espère que toutes les parties concernées cesseront de se battre et auront des pourparlers", a assuré vendredi un porte-parole de la diplomatie chinoise.