Le coût exorbitant des crèches aux Etats-Unis pèse sur l'emploi des femmes

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Le coût élevé et croissant de la garde d'enfants aux Etats-Unis contraint de nombreux parents, le plus souvent les mères, à travailler moins, voire plus du tout, creusant le fossé des inégalités.

- Coût en forte hausse -

Le prix de la garde d'enfants n'a pas échappé à l'inflation: Bank of America relève, selon ses données internes, des dépenses en hausse d'un tiers pour les familles, entre 2019 et janvier 2024.

Le prix des crèches a grimpé de 6,2% en un an seulement, entre août 2023 et août 2024, selon l'indice d'inflation CPI.

La garde d'enfants "est en compétition avec le loyer, dans les coûts les plus élevés auxquels les familles font face", relève Elise Gould, économiste pour l'Economic Policy Institute (EPI).

Plus de la moitié des ménages américains (60%) dépensent au moins 20% de leurs revenus pour faire garder leurs enfants, selon l'enquête 2024 du site de recherche de garde d'enfants Care.com. Bien loin des 7% maximum, considérés comme un niveau "abordable" par le ministère de la Santé.

Les prix sont "intenables" pour les ménages, avait même commenté le ministère du Travail (DoL) dans une étude de janvier 2023.

- Les femmes en paient le prix -

"De nombreux parents sont incapables de travailler parce qu'ils ne peuvent pas se permettre financièrement de faire garder leurs enfants", relève Elise Gould.

Or, "les responsabilités en matière de garde d'enfants incombent traditionnellement de manière disproportionnée aux mères", souligne Taylor Bowley, économiste pour Bank of America, dans une interview à l'AFP, évoquant "des inquiétudes quant à la participation des femmes au marché du travail à l'avenir".

"Il existe un risque très réel que cela bloque les progrès réalisés par les femmes", avertit également Julia Pollak, cheffe économiste pour le site d'annonces d'emploi ZipRecruiter.com.

Les conséquences? Des revenus moins élevés pour ces mères et leurs familles, une retraite moindre, mais aussi une incapacité à économiser, "donc des revenus inférieurs à vie, ne pas être en mesure d'obtenir les mêmes avancées au travail, les mêmes chances d'être promue", détaille Elise Gould.

Le coût, notamment, "limite l'accès des familles aux revenus les plus bas", note encore Taylor Bowley.

- De retour au travail, mais moins que les hommes -

Le taux de participation des femmes de 25 à 54 ans au marché du travail, qui avait chuté avec la crise du Covid, est désormais revenu à son niveau de 2019, et atteint même des records historiques, avec 78,4% en août.

Mais cela reste bien moins élevé que chez les hommes: 89,5%. Et la garde d'enfants reste un frein majeur à l'emploi des femmes.

"Le manque d'infrastructures (...) robustes pourrait continuer d'empêcher les mères de réaliser leur plein potentiel sur le marché du travail", détaille le ministère américain du Travail (DoL) dans une étude publiée en mai.

D'autant plus, précise cette enquête, qu'"un facteur qui pourrait avoir contribué à la croissance de l'emploi pour certaines mères américaines est la prévalence croissante du télétravail".

- Comparaison internationale désavantageuse -

La comparaison entre les Etats-Unis et les autres pays de l'OCDE est également défavorable pour la première économie du monde.

"Les États-Unis comptent moins de femmes sur le marché du travail que la plupart des pays de l'OCDE", détaille Bank of America. Mais occupent la deuxième place du podium en termes de coûts des crèches, dépassés par la Nouvelle-Zélande uniquement

"La participation des femmes aux Etats-Unis avait augmenté parallèlement à celle du Canada et d'autres pays comparables comme la France, mais ces pays ont connu une augmentation constante, alors que la nôtre a stagné et s'est stabilisée", détaille Julia Pollak.

"Certaines études suggèrent que le coût de la garde d'enfants est un facteur majeur", souligne-t-elle.

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