Le Liban prêt à augmenter les effectifs de l'armée dans le Sud, assure le Premier ministre

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Le Premier ministre libanais s'est dit mardi prêt à augmenter les effectifs de l'armée dans le sud du pays afin qu'elle contrôle cette région frontalière en cas de cessez-le-feu avec Israël, qui mène une offensive aérienne et terrestre contre le Hezbollah.

Dans un entretien à l'AFP, Najib Mikati a fait état d'"efforts sérieux" de la communauté internationale en vue d'imposer un cessez-le-feu, accepté selon lui par la puissante formation pro-iranienne.

Alors que l'armée israélienne dit mener des incursions terrestres au Liban depuis le 30 septembre, le Premier ministre a affirmé qu'il "y a des avancées et des reculs, (les soldats israéliens) entrent et sortent" du territoire libanais.

Israël, qui mène des frappes intensives sur le Liban depuis le 23 septembre, affirme vouloir éloigner le Hezbollah des régions frontalières et faire cesser ses tirs de roquettes afin de permettre le retour dans le nord d'Israël des dizaines de milliers d'habitants déplacés.

Au moins 1.315 personnes ont été tuées à travers le Liban depuis le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP établi à partir de chiffres officiels. L'ONU a recensé près de 700.000 déplacés depuis cette date.

"L'Etat libanais est prêt à imposer sa souveraineté sur tout le territoire" en vertu des résolutions internationales, dont la 1701 qui prévoit que seuls l'armée et les Casques bleus soient déployés dans le Sud, a dit M. Mikati.

"Nous avons actuellement 4.500 militaires dans le sud et nous voulons passer à entre 7.000 et 11.000", a-t-il ajouté.

Il a indiqué que le gouvernement, qui compte sur l'aide internationale en raison de l'effondrement économique du pays, allait commencer par recruter "1.500 nouveaux soldats".

- Préserver l'aéroport -

Le Premier ministre a par ailleurs "rendu hommage à tous les pays participant à la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) qui ont décidé fermement de rester (dans leurs positions) et de tenir bon".

Alors que les tensions entre Israël et la mission onusienne se multiplient, au moins cinq Casques bleus ont été blessés ces derniers jours en marge des combats entre l'armée israélienne et le Hezbollah, des attaques fermement condamnées par l'ONU, qui a évoqué de possibles "crimes de guerre".

"En cas de cessez-le-feu, il y aura une coopération totale entre l'armée libanaise et les forces de maintien de la paix dans le sud afin d'appliquer la résolution 1701" du Conseil de sécurité de l'ONU, a dit M. Mikati.

Le numéro deux du Hezbollah, dont le chef Hassan Nasrallah a été assassiné lors d'une frappe israélienne le 27 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, a affirmé mardi aux Israéliens que "la solution est un cessez-le-feu".

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé lundi qu'Israël continuerait "à frapper sans pitié le Hezbollah, y compris à Beyrouth".

La dernière frappe de l'aviation israélienne sur Beyrouth a fait 22 morts le 10 octobre et les responsables libanais craignent surtout que l'aéroport de Beyrouth, le seul du pays, soit visé.

M. Mikati a annoncé que son gouvernement avait pris des mesures de sécurité renforcées à l'aéroport international de Beyrouth pour "ôter tout prétexte" à Israël pour le viser.

"Tous les passagers, toutes les marchandises sont fouillés", a-t-il assuré.

- Un président élu? -

Fin septembre, l'armée israélienne avait accusé l'Iran de chercher à envoyer des armes au Hezbollah, son allié, via l'aéroport de Beyrouth, et affirmé qu'elle déjouerait ces tentatives.

Début octobre, le ministre libanais des Transports Ali Hamié avait rejeté auprès de l'AFP les accusations israéliennes selon lesquelles des armes sont envoyées au Hezbollah via l'aéroport et les postes-frontières libanais.

Le Premier ministre libanais a par ailleurs affirmé que "des efforts sérieux sont en cours pour l'élection d'un président de la République".

Depuis près de deux ans, les divergences au Parlement entre le camp du Hezbollah et ses adversaires ont empêché l'élection d'un chef de l'Etat.

"L'élection d'un président de la République est plus que nécessaire à l'heure actuelle pour redresser les institutions constitutionnelles et étendre la souveraineté libanaise sur l'ensemble du territoire" national, a dit le Premier ministre.