Lafarge en Syrie: les avocats de l'ex-PDG renvoyé en procès dénoncent une enquête "lacunaire"

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Les avocats de Bruno Lafont, l'ancien PDG de Lafarge renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris pour financement du terrorisme pour avoir poursuivi les activités du cimentier en Syrie jusqu'en 2014 ont dénoncé jeudi dans un communiqué "une instruction largement lacunaire".

"Bruno Lafont est aujourd'hui renvoyé devant le tribunal correctionnel par un juge d'instruction dont il n'a jamais croisé le regard", écrivent ses avocats, Mes Jacqueline Laffont-Haïk et Quentin de Margerie, dans une déclaration transmise à l'AFP.

Trois juges d'instruction parisiens ont ordonné mercredi que Lafarge, désormais filiale du groupe suisse Holcim, et huit personnes, dont des anciens responsables, soient jugés pour financement d'entreprises terroristes et, pour certains, non-respect de sanctions financières internationales.

Lors du procès, prévu du 4 novembre au 9 décembre 2025, M. Lafont "démontrera (...) qu'il est innocent", ont assuré Mes Laffont-Haïk et de Margerie.

Le groupe est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), cinq millions d'euros à des groupes jihadistes, dont l'organisation État islamique (EI), et à des intermédiaires afin de maintenir l'activité d'une cimenterie à Jalabiya (Syrie), alors même que le pays s'enfonçait dans la guerre.

"Le magistrat en charge du dossier depuis 2020 n'a tout simplement jamais souhaité l'entendre, ce malgré plusieurs demandes formelles présentées en ce sens par ses avocats, lesquelles ont toutes été balayées d'un revers de la main", dénoncent ses avocats.

"Ce n'est pas, loin s'en faut, la seule insuffisance d'une instruction largement lacunaire, qui a occulté des pans entiers de l'affaire - notamment le rôle des services de l'État - en dépit, là encore, de nombreuses demandes d'actes de Bruno Lafont, lesquelles se sont heurtées au secret défense", ajoutent-ils.

L'instruction, qui était "à l'arrêt depuis de longues années, (...) consacre la thèse défendue par Holcim, qui a pris le contrôle de Lafarge et a choisi d'accabler ses anciens dirigeants sans considération pour la vérité, allant jusqu'à conclure un accord de plaider coupable auquel Bruno Lafont n'a pris aucune part", considèrent les deux avocats.

En octobre 2022, Lafarge a payé une sanction financière de 778 millions de dollars aux États-Unis et plaidé coupable pour avoir aidé des organisations terroristes entre 2013 et 2014.

Le volet de l'information judiciaire, ouverte en juin 2017, concernant les soupçons de complicité de crimes contre l'humanité de la société, est toujours en cours.

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