Le cinéaste tchadien Mahamat-Saleh Haroun vient de boucler dans la capitale sénégalaise le tournage d'un documentaire sur les victimes du régime de Hissène Habré (1982-1990) dans son pays, a-t-il dit mercredi à l'AFP à Dakar.
Le procès du président tchadien déchu pour "crimes de guerre, crimes contre l'humanité et tortures", ouvert lundi et repoussé dès le lendemain au 7 septembre, se déroule devant un tribunal spécial créé en vertu d'un accord entre le Sénégal et l'Union africaine (UA).
M. Habré, qui ne reconnaît pas cette juridiction, refuse de s'exprimer et de se défendre devant elle.
"Je suis à Dakar pour raconter un peu les années Hissène Habré", à travers ce documentaire "d'une centaine de minutes", provisoirement intitulé "Hissène Habré, une tragédie tchadienne", pour la télévision franco-allemande Arte, a affirmé le cinéaste, réalisateur notamment de "Un homme qui crie" et "Grigris".
Le tournage, commencé à N'Djamena, a été bouclé à Dakar où il a pu filmer ces derniers jours, notamment l'ouverture officielle du procès, a-t-il indiqué.
"Je travaille sur ce film depuis un an et je recueille surtout la parole des victimes. Tous ces survivants sont handicapés pour avoir été torturés, ils portent les séquelles de leur passage dans les geôles de la DDS", la Direction de la documentation et de la sécurité, police politique du régime Habré, a ajouté Mahamat-Saleh Haroun.
Entre 1982 et 1990, la répression a fait 40.000 morts, selon les estimations d'une commission d'enquête tchadienne.
"J'ai fait le tournage en suivant un peu le combat de survivants, avec l'espoir que, un jour, le procès ait lieu. Le film se terminera sans doute avec le début du procès, qui est une autre histoire pour eux", a poursuivi le cinéaste.
"Je pense que d'ici à octobre, le film sera prêt" et "Arte pense le diffuser pendant le procès", a-t-il précisé.
Avant l'ajournement décidé pour permettre à des avocats commis d'office pour la défense de prendre connaissance du dossier, les audiences devaient initialement durer trois mois, et s'achever le 22 octobre.
Après son documentaire, Mahamat-Saleh Haroun s'attaquera à un autre sujet, les demandeurs d'asile.
"Je travaille sur une fiction avec la romancière camerounaise Léonora Miano. Le film s'intitule +Une saison en France+, il parle de ces exilés politiques à qui on refuse le droit d'asile en France et qui se retrouvent dans une sorte d'errance", a-t-il dit, indiquant avoir commencé "le projet il y a un an".