Un communiqué officiel soudanais affirme que Khartoum « a appris avec consternation » cette décision de la Haute cour du Kenya.
Le mandat d'arrêt kényan contre le président Béchir, déjà recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide et crimes contre l'humanité au Darfour, renforce l'obligation des autorités kényanes à arrêter le suspect, s'il foulait le sol kényan.
Cette décision fait suite à une requête de la branche kényane de la Commission internationale des juristes (ICJ Kenya).
Le Soudan rappelle, dans son communiqué, que les pays membres de l'Union africaine ont décidé de ne pas exécuter le mandat d'arrêt de la CPI.
« La décision d'hier a porté un coup grave aux relations bilatérales » entre Nairobi et Khartoum, poursuit le Soudan qui fait valoir sa souveraineté et dénonce « l'interférence d'une ONG internationale ».
Selon la branche locale d'ICJ, le Kenya, ayant ratifié le traité fondateur de la CPI, est dans l'obligation d'interpeller M. Béchir lorsqu'il se trouve sur son territoire, ce qui n'avait pas été le cas lors d'une visite du président soudanais à Nairobi, en août 2010.
Dans sa requête, déposée en octobre 2010, ICJ Kenya avait dénoncé la venue du président soudanais fin août 2010 au Kenya pour la cérémonie de promulgation de la nouvelle constitution du pays. Les autorités kényanes ne l'avaient pas arrêté, provoquant de nombreuses critiques de la part de la communauté internationale.
Les juges de la CPI avaient délivré le 12 juillet 2010 un mandat d'arrêt contre le président du Soudan pour génocide au Darfour, après avoir lancé le 4 mars 2009 un premier mandat pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Le conflit au Darfour, qui a débuté en 2003, a fait 300.000 morts et 2,7 millions de déplacés, selon l'ONU. Khartoum parle de 10.000 morts.
L'Union africaine a souvent appelé ses Etats membres à ne pas arrêter le président soudanais, accusant la CPI de concentrer ses poursuites contre les seuls responsables africains. M. Béchir a pu ainsi, à la mi-octobre, assister au sommet annuel du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa), au Malawi, sans être inquiété.
ER/GF
© Agence Hirondelle