Premier chef d'Etat incarcéré à La Haye pour la Cour pénale internationale, Laurent Gbagbo devrait comparaître devant les juges dans les prochains jours. Au cours de cette audience, les magistrats devraient lui lire les charges retenues portées lui. Son avocat devant la CPI, maître Emmanuel Altit, compte notamment dénoncer l'illégalité de son arrestation et sa détention arbitraire dans le nord de la Côte d'Ivoire.
Mardi, en début d'après-midi, le mandat d'arrêt lui avait été signifié au cours d'une audience au tribunal de Korhogo, dans le nord du pays, où il avait été placé en détention suite à son arrestation, le 11 avril. Ses avocats ont été alertés à la dernière minute de la procédure, a regretté amèrement l'un d'eux.
Le transfèrement de Laurent Gbagbo à La Haye intervient à quelques jours des élections législatives en Côte d'Ivoire, prévues le 11 décembre. Une partie de ses partisans avaient décidé, au cours des dernières semaines, de boycotter le scrutin tant que leur chef de file ne serait pas libéré.
La date de l'exécution du mandat d'arrêt fait craindre une instrumentalisation de la Cour, d'autant que le procureur, Luis Moreno Ocampo, avait discrètement rencontré le président Alassane Ouattara à Paris, la semaine dernière. Interrogé par téléphone, l'avocat de la Côte d'Ivoire devant la CPI, maître Jean-Paul Benoît, estime cependant que si « l'échéance du 11 décembre rend l'affaire doublement sensible », la Cour « est très jalouse de son indépendance et ce n'est pas le gouvernement ivoirien qui dicte les procédures à la CPI. »
Le 3 octobre, le procureur avait été autorisé à ouvrir son enquête sur les crimes commis depuis le 28 novembre 2010, début des violences en Côte d'Ivoire. Les juges avaient cependant demandé au procureur de fournir des éléments sur les crimes commis entre le 19 septembre 2002 et l'élection du 28 novembre 2010 et pourraient, à l'avenir, lui demander d'étendre le champ de son enquête.
SM/ER
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