« Le transfèrement (de Gbagbo) est salutaire pour le pays. Car c'est l'un des éléments clés pour tourner une page triste de l'histoire de la Côte d'Ivoire », s'est réjoui Bruno Koné, porte-parole du gouvernement. Il a souligné que la remise de Gbagbo à la CPI n'avait rien à voir avec les élections législatives du 11 décembre prochain.
Interrogé sur les violences qui auraient été commises par des proches du président Ouattara, le porte-parole a répondu lapidairement: « Si la CPI estime qu'ils doivent être poursuivis, une procédure du même type sera mise en place ».
Pour sa part, le camp Gbagbo affirme que Ouattara vient de sonner le glas du processus de réconciliation. « Nous nous rendons compte qu'on ne peut rien obtenir de Ouattara. Nous en tirons les conséquences. Monsieur Ouattara vient de mettre fin au processus de réconciliation et de paix en Côte d'Ivoire. Ce transfert de Laurent Gbagbo vient de nous le prouver», a réagi du fond de son exil au Ghana, Justin Katina, porte-parole de l'ancien président.
Le président de la Convention de la société civile ivoirienne, Patrick N'gouan, se déclare au contraire satisfait: "L'ancien président a été transféré à La Haye pour des crimes d'atteintes graves aux droits de l'homme », affirme N'gouan. « Tous ceux qui ont commis des crimes rentrant dans ce cadre doivent être poursuivis au même titre que Laurent Gbagbo. Si nous voulons avoir une vraie réconciliation, il ne faudrait pas que la justice soit sélective, il faut qu'elle soit globale », estime-t-il.
Dans les rues d'Abidjan, nombre de partisans de l'ancien chef de l'Etat Gbagbo refusent de commenter l'affaire à haute voix. Jean Séha, un enseignant rencontré mercredi en fin de matinée, est l'un des rares à bien vouloir s'exprimer. Il se demande quel est l'objectif que veulent atteindre les autorités ivoiriennes en « déportant » l'ex-président à La Haye. Pour lui, la justice ivoirienne devrait être en mesure de juger l'ancien chef de l'Etat.
Pour sa part, Noël Tokpa, vendeur de produits informatiques, soutient que Laurent Gbagbo doit payer pour les crimes qu'il a commis avant d'indiquer que les poursuites ne doivent pas se limiter au vaincu. Il suggère que la CPI scrute avec la même minutie le camp Ouattara.
Gbagbo devra répondre de crimes contre l'humanité, pour meurtres, viols, violences sexuelles, persécutions et actes inhumains, commis entre le 28 novembre 2010 et mai 2011, selon le mandat d'arrêt de la CPI délivré le 23 novembre.
Il est poursuivi en qualité de co-auteur indirect de ces crimes perpétrés par « les Forces de défense et de sécurité ivoiriennes, appuyées par les milices de jeunes et des mercenaires, à Abidjan et ailleurs dans le pays», selon ce mandat d'arrêt.
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