Mandat d'arrêt contre le chef de la junte en Birmanie: les réfugiés rohingyas soulagés

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"Pour nous, c'est un succès". La requête du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour un mandat d'arrêt du chef de la junte en Birmanie a été accueillie avec soulagement par les réfugiés rohingyas du Bangladesh.

"Nous sommes satisfaits d'apprendre que la CPI va émettre un mandat d'arrêt contre le chef de la junte militaire birmane Min Aung Hlaing", déclare Sayod Alam, une figure de la communauté, interrogée dans un des camps tentaculaires installés à la frontière.

Le procureur de la CPI Karim Khan a déclaré avoir des "motifs raisonnables" de croire que le général birman pourrait être pénalement responsable des "crimes contre l'humanité de déportation et de persécution commis à l'encontre des Rohingyas".

L'ONG Amnesty International estime que cette minorité est soumise par la junte à un régime proche de celui de l'apartheid sud-africain.

Les juges de la CPI doivent désormais se prononcer sur la requête du procureur.

Comme Sayod Alam, près d'un million de Rohingyas ont fui leur pays pour se réfugier au Bangladesh voisin, autour de la ville de Cox's Bazar.

Ils s'entassent dans des camps, sans emploi ni école pour les enfants, souvent confrontés à la faim - l'aide internationale a baissé - et victimes de la violence quotidienne de groupes armés rivaux qui se disputent le contrôle de la communauté.

"Nous sommes heureux, les Rohingyas attendaient ça depuis longtemps", réagit Senoara Khatun, une enseignante réfugiée dans un des camps.

"J'espère que tous les criminels seront traduits devant un tribunal par la CPI et que la communauté internationale fera en sorte qu'ils soient jugés pour leurs actes et condamnés", ajoute-t-elle.

- "Pas en sécurité" -

C'est la première fois qu'un mandat d'arrêt est requis contre un dirigeant de la junte birmane accusé de crimes contre la communauté rohingya.

"Un mandat d'arrêt, c'est une bonne nouvelle pour nous. (Le chef de la junte) est le principal ordonnateur du génocide de 2017", souligne Maung Sayodullah, à la tête d'une ONG de défense des droits humains installée à Cox's Bazar.

"Mais nous ne sommes toujours pas en sécurité dans notre État de Rakhine", dans l'ouest de la Birmanie, ajoute-t-il.

Depuis le putsch de 2021 qui a refermé une parenthèse démocratique de 10 ans en Birmanie, la junte militaire est engagée dans une guerre meurtrière contre plusieurs rébellions issues de l'opposition et de minorités ethniques.

Depuis un an, des affrontements violents opposent l'armée birmane à l'Armée d'Arakan, un groupe qui affirme se battre pour plus d'indépendance pour la population ethnique de l'État de Rakhine, où vivent également 600.000 Rohingyas.

Ces combats ont provoqué d'importants déplacements de population, menacée aujourd'hui par la famine selon l'ONU.

"L'Armée d'Arakan fait la même chose aux Rohingyas que la junte", accuse Maung Sayodullah. "La CPI et la communauté internationale doivent réagir pour la poursuivre de la même façon".

"Nous voulons rentrer chez nous", déclare le militant. "La communauté internationale devrait faire en sorte que nous puissions regagner notre pays, la Birmanie (...) Elle devrait travailler pour notre rapatriement, notre sécurité et notre dignité".