Deux plaintes ont été déposées à Paris contre des responsables français d'associations pro-Israël pour "complicité de génocide", accusés notamment d'avoir empêcher l'aide humanitaire d'être acheminée à Gaza, a appris l'AFP mercredi auprès des associations plaignantes.
L'une a été déposée mardi par l'Union juive française pour la paix (UFJP) et "une victime franco-palestinienne".
Dans cette plainte, également dévoilée par le quotidien Le Monde, les plaignants, soutenus par l'ONG Urgence Palestine, dénoncent "l'organisation, la participation et l'appel à participer à des actions concrètes de blocage de l'aide humanitaire à destination du territoire occupé de Gaza, notamment en empêchant physiquement le passage des camions aux postes frontières contrôlés par l'armée israélienne".
"Cette soumission délibérée de la population gazaouie à des conditions d'existence de nature à entraîner sa destruction, et plus particulièrement l'utilisation de la famine, caractérise, tant selon le droit international que selon le droit français, le crime de génocide", soutiennent les plaignants dans un communiqué.
"Si la qualification juridique de génocide peut choquer, elle est ici la plus appropriée au regard des faits commis", ont commenté leurs avocates, Mes Damia Taharraoui et Marion Lafouge auprès de l'AFP.
Leur plainte avec constitution de partie civile pour complicité de génocide et incitation à la commission d'un génocide vise des figures de "Israël is forever" et "Tzav-9", des associations pro-Israël, présentées comme ayant la nationalité française.
"Ca fait 14 mois que ma famille subit le génocide à Gaza. J'ai arrêté de compter à la cinquantième personne assassinée là-bas", a raconté à l'AFP la plaignante franco-palestinienne, qui refuse de témoigner sous son vrai nom par crainte de conséquences pour ses proches restés à Gaza.
"Je vois mes proches s'éteindre. Je suis maintenant obligé de leur demander : +avez-vous mangé aujourd'hui ?+", a déclaré cette femme dont le père de 70 ans a selon elle "perdu 24 kilos" du fait du manque de nourriture et en fait désormais "50 tout mouillé pour 1m80".
Ses neveux, "amaigris, fatigués", lui ont dit lundi "ne manger que du pain avec du zaatar (des épices, NDLR) deux fois par jour" et avoir "faim", narre-t-elle encore, ne cachant pas sa colère face à "Israël is forever" et Tzav, deux associations selon elle "complices et acteurs actifs du massacre".
Une seconde plainte avec constitution de partie civile, consultée par l'AFP, a été déposée mercredi par l'association Avocats pour la Justice au Proche-Orient et la Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient (CAPJPO) - Europalestine, pour "complicité de génocide".
En s'appuyant notamment sur des photos, vidéos et prises de paroles publiques, elles accusent également des responsables d'"Israël is Forever" d'avoir bloqué des véhicules humanitaires.
"L'infraction de complicité de génocide apparaît être l'expression pénale la plus juste pour qualifier les faits (...). Il faut désormais espérer que les juridictions françaises trouveront le courage d'instruire sous cette qualification", ont commenté auprès de l'AFP les avocats des associations, Mes Matteo Bonaglia et Ala Adas.
Le 26 janvier, la Cour internationale de justice avait demandé à Israël de faire son possible pour empêcher tout acte de génocide lors de ses opérations militaires.
Israël conteste avec force ces accusations, revendique son "droit de défendre sa population" et accuse le mouvement islamiste palestinien Hamas d'utiliser les civils comme "boucliers humains".
En septembre, le Parquet national antiterroriste (Pnat) français a classé une plainte d'associations dénonçant des tortures imputées à un Franco-israélien sur des hommes présentés comme des prisonniers palestiniens.
La Cour pénale internationale (CPI) a émis le 21 novembre des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Israël a annoncé mercredi son intention de faire appel. En attendant, Paris a affirmé que M. Netanyahu bénéficiait d'une "immunité" qui devait "être prise en considération" en France.