05.12.11 - CPI/COTE D’IVOIRE - LAURENT GBAGBO DENONCE LA FRANCE DEVANT LA CPI

La Haye, 5 décembre 2011 (FH) - La première comparution de Laurent Gbagbo devant la Cour pénale internationale (CPI), lundi après-midi, a été l'occasion pour l'ancien président ivoirien d'évoquer les conditions de son arrestation et de son transfèrement à La Haye.

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A l'ouverture de l'audience, la présidente Sylvia Fernandez de Gurmendi a d'abord énoncé les droits du suspect. Puis Laurent Gbagbo a évoqué ses conditions de détention à la prison de Scheveningen, où il est arrivé le 30 novembre au petit matin en provenance de la Côte d'Ivoire. « Ce sont des conditions normales de détention d'un être humain » a-t-il dit, posément. Mais « ce sont mes conditions d'arrestation qui le sont moins ».

Arrêté le 11 avril 2011, « sous les bombes françaises », a expliqué Laurent Gbagbo, pendant qu'«une cinquantaine de chars français encerclaient la résidence », l'ex chef d'Etat avait été transféré, deux jours plus tard, dans le nord de la Côte d'Ivoire, à Korhogo.

« Je ne voyais pas le soleil. Je ne savais pas ce qu'il se passait dans le ciel, sauf quand il pleuvait sur le toit », a-t-il raconté. « Je ne suis pas un jeune homme, j'ai 66 ans » a-t-il dit aux trois juges, provoquant les sourires de ses supporters présents dans la galerie du public.

L'ex-chef d'Etat ivoirien a ensuite raconté la délivrance du mandat d'arrêt, le 29 novembre, par un magistrat d'Abidjan, venu à Korhogo. « Madame, je ne regrette pas d'être là, je suis là, on va aller jusqu'au bout », a-t-il lancé à la juge. « Mais on peut faire les choses de façon normale, on n'a pas besoin de se cacher » a-t-il ajouté, évoquant le mandat d'arrêt délivré par les juges sous-scellés le 23 novembre.

Le jour de son transfèrement à la Cour, le suspect interroge le chauffeur du véhicule qui l'emporte loin du tribunal de Korhogo. « J'ai dit : Je vais où ? Il m'a dit Abidjan. J'ai ri, parce que j'avais compris », dit-il dans un sourire. « Si je vous signale cela, c'est pour que cela ne se répète pas. Ca ne sert à rien. Ca fait croire qu'il y a de la mauvaise volonté. Si on m'apporte les éléments de preuve, je vais m'y confronter » a-t-il affirmé. «Mais ce n'est pas bon qu'on essaie de faire des tours de passe-passe. »

Dans la galerie du public, aucun représentant des autorités actuelles de Côte d'Ivoire n'était présent. En revanche, les supporters de l'ex chef d'Etat étaient venus en force, des Pays-Bas, de Paris et de Bruxelles. «Tout cela dépasse le seul président Gbagbo, estime une professeur de lettre franco-ivoirienne. Nous y croirons lorsque Bush et Sarkozy seront ici. Ils tuent, mais personne ne dit rien. Peut-être y aura-t-il un magistrat qui considèrera qu'il est assez bien payé, qu'il n'a pas besoin d'acquérir une renommée, et qui alors décidera de dire le droit. Le droit tout simplement, rien d'autre ».

Une autre militante range dans son sac un tee-shirt, « Libérez Gbagbo ». « Je ne crois pas que ce soit autorisé ici et nous ne sommes pas là pour provoquer des incidents » explique-t-elle. Après l'audience, les supporters attendront la sortie du véhicule blindé qui ramène en prison le suspect, sous les cris de « Ouattara dehors ! Sarkozy assassin ! ».   

Les audiences de confirmation des charges doivent débuter le 18 juin 2012.

SM/GF  

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