Un tribunal péruvien a condamné vendredi sept militaires à des peines de prison comprise entre 15 et 20 ans pour l'assassinat de 16 civils lors de deux massacres emblématiques perpétrés sous la présidence d'Alberto Fujimori (1990-2000) dans le cadre de sa guerre contre les guérillas d'extrême gauche.
Le parquet avait requis 25 ans de prison contre les accusés, membres du même détachement militaire connu officieusement sous le nom de groupe Colina et impliqué dans les massacres perpétrées en 1992 dans la ville de Pativilca et à l'Université de La Cantuta, à Lima.
Aucun d'entre eux n'était présent à l'audience, retransmise sur la chaîne de télévision du pouvoir judiciaire. La plupart purgent déjà des peines de prison pour d'autres crimes contre l'humanité commis dans les années de plomb du Pérou (1980-2000).
L'ancien président Fujimori était également poursuivi dans ce procès qui s'est ouvert en décembre 2023. Mais il est décédé des suites d'un cancer le 11 septembre dernier à Lima à l'âge de 86 ans.
L'ancien homme fort du pays était poursuivi dans le cadre du massacre de Pativilca dans lequel six paysans, soupçonnés d'être liés à la guérilla maoïste du Sentier lumineux, avaient été exécutés dans un champ.
En 2009, il avait déjà été jugé pour le massacre de neuf étudiants et d'un professeur à l'université de La Cantuta. Il avait écopé de 25 ans de prison pour avoir commandité ce massacre mais également celui du quartier de Barrios Altos, à Lima, en 1991, dans lequel 15 personnes dont un enfant avaient perdu la vie.
En décembre 2023, près 16 années passées en prison, l'ancien président d'origine japonaise avait été libéré pour raisons de santé.
La justice a conclu en 2009 que les 25 personnes tuées à Barrios Altos et à La Cantuta étaient innocentes et n'appartenaient pas à un groupe terroriste.
Le conflit interne entre l'Etat et les guérillas du Sentier lumineux et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (guévariste) a fait entre 1980 et 2000 quelque 69.000 morts et 21.000 disparus, principalement des civils, selon la Commission vérité et réconciliation.