Un tribunal ougandais a ordonné lundi au gouvernement de verser jusqu'à près de 2.400 euros à chacune des victimes d'un ancien commandant de la sanglante rébellion de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA).
Thomas Kwoyelo a été condamné fin octobre à l'issue d'un procès historique à 40 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, parmi lesquels le meurtre, la torture, le viol et l'enlèvement.
Ce jugement était le premier prononcé pour de tels faits par une juridiction en Ouganda contre un responsable de ce mouvement de guérilla fondé dans ce pays dans les années 1980, qui a semé la terreur en Afrique centrale durant une trentaine d'années.
Lundi, le tribunal de Gulu, dans le nord du pays, a estimé que le condamné n'était pas en mesure d'indemniser les victimes et leurs familles, et a jugé le gouvernement responsable à sa place.
"Les atrocités commises par Thomas Kwoyelo contre ses victimes sont une manifestation de l'échec du gouvernement qui entraîne une responsabilité pour l'État de payer des réparations aux victimes", a déclaré un panel de quatre juges.
Les juges ont décidé lundi que chacune des 103 victimes recensées recevrait quatre millions de shillings (environ 1.050 euros), ainsi que cinq millions de shillings supplémentaires (environ 1.300 euros) pour les victimes de viol et de violences sexuelles.
Les représentants du gouvernement au tribunal ont rejeté la décision, affirmant qu'elle ne contenait aucune base juridique pour tenir l'État responsable. Ils ont suggéré que l'argent pourrait plutôt provenir d'un fonds pour les victimes de la Cour pénale internationale (CPI).
L'un des avocats des victimes, Henry Komakech Kilama, a prudemment salué la décision.
"Nous aurions pu nous attendre à plus que ce que le tribunal a accordé aux victimes, mais nous pensons que c'est une victoire contre l'impunité", a-t-il déclaré à l'AFP.
La LRA, créée par l'ex-enfant de choeur Joseph Kony en vue d'établir un régime fondé sur les Dix Commandements, est accusée d'être responsable de la mort de plus de 100.000 personnes et de l'enlèvement de 60.000 enfants, garçonnets transformés en soldats et fillettes en esclaves sexuelles.
Chassée d'Ouganda, elle s'est éparpillée dans les forêts de République démocratique du Congo, de Centrafrique, du Soudan du Sud et du Soudan.
Arrêté en 2009 en RDC, M. Kwoyelo a déjà purgé 15 ans de prison.