12.01.12 - RWANDA/CANADA - MUGESERA PORTE SON AFFAIRE DEVANT UN ORGANE DES NATIONS UNIES

Arusha, 12 janvier 2012 (FH) - Le Comité des Nations unies contre la torture a demandé mercredi au Canada de suspendre temporairement l'expulsion de Léon Mugesera, qui devait être renvoyé dans son pays d'origine au plus tard jeudi, rapporte l'AFP.

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Le Comité, qui siège à Genève, en Suisse, a réagi à une démarche qu'avait faite auprès de lui la défense de M. Mugesera, en lui demandant d'examiner les risques de torture qu'il pourrait courir au Rwanda. "Le Comité a prié l'Etat de ne pas renvoyer M. Léon Mugesera vers le Rwanda tant que la requête est à l'examen du Comité", a indiqué cet organe de l'ONU dans une lettre adressée à l'avocate de M. Mugesera .

L'universitaire rwandais fait l'objet d'un mandat d'arrêt au Rwanda, où il figure sur la liste des personnes les plus recherchées. Il est accusé par Kigali d'avoir incité au génocide en appelant notamment "à renvoyer les Tutsis chez eux, en Ethiopie",  lors d'un discours incendiaire prononcé en novembre 1992 au Rwanda.

Installé au Canada depuis 1993 avec sa famille, Léon Mugesera, 59 ans, tente depuis plus de 15 ans d'éviter son expulsion. Mercredi matin, la Cour fédérale avait toutefois rejeté son ultime recours. Après l'annonce de ce rejet, Léon Mugesera a été victime d'un malaise et transporté à l'hôpital par ambulance.

Si le gouvernement canadien respecte la demande du Comité contre la torture, le Rwandais pourrait bénéficier d'un sursis de quelques mois.

Dans un message électronique au quotidien canadien The Gazette, le porte parole du ministère de la Sécurité publique a cependant déclaré jeudi que Mugesera serait extradé "dès que possible", ajoutant "que les criminels de guerre ne sauraient trouver refuge sur nos rivages".

Un refus d'Ottawa serait un "paradoxe inacceptable" quant à ses engagements internationaux, a affirmé de son côté l'avocate de Léon Mugesera, Johanne Doyon, dans un entretien accordé à la télévision publique Radio-Canada. Elle estime que Mugesera ne pourrait légalement être extradé que s'il était reconnu coupable d'un crime sérieux devant un tribunal canadien, ou considéré comme une menace pour la sécurité publique. Il doit donc d'abord être jugé au Canda, conlut-elle.

ER/GF

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