Jugé depuis le 22 septembre 2009, Ngirabatware, un économiste formé en Suisse, est poursuivi pour crimes de génocide et crimes contre l'humanité.
L'ex-ministre, qui a déjà fait comparaître 31 témoins pour sa défense, est notamment accusé d'avoir été le principal instigateur des massacres de Tutsis dans sa commune natale Nyamyumba (nord) en 1994.
En annonçant le report, à la dernière audience, le 26 octobre 2011, le juge président de la chambre, William Hussein Sekule, avait précisé que la défense devait encore citer trois témoins.
Le magistrat tanzanien avait également laissé entendre que les conclusions finales des parties seraient plaidées les 2 et 3 mai 2012 et le jugement rendu le mois suivant.
Mais le 14 novembre 2011, les juges ont autorisé le procureur à faire comparaître huit témoins « en réplique » devant passer à la barre après que l'accusé aura terminé la présentation de ses moyens de preuve.
Le calendrier sera donc très probablement revu à cause de ces témoignages en réplique auxquels la défense pourrait, elle aussi, demander à opposer des témoignages « en duplique ».
Ce procès a longtemps brillé par sa lenteur alors que le tribunal semblait, dans l'ensemble, avoir atteint sa vitesse de croisière.
Wallace Kapaya, qui conduit l'équipe de l'accusation, a souvent jeté la pierre à la défense, lui reprochant de contre interroger trop longuement les témoins à charge.
Quand le tour est arrivé pour l'accusé de citer ses témoins, une épreuve de force s'est engagée entre la chambre et l'équipe de la défense qui voulait au départ faire comparaître une centaine de témoins alors que la partie adverse n'en avait fait venir qu'une vingtaine.
L'ex-ministre en est même arrivé à demander, en vain, la récusation de la chambre.
Gendre du richissime homme d'affaires Félicien Kabuga encore recherché par le TPIR, Ngirabatware est, de tous les accusés en procès, celui dont la procédure est la moins avancée.
Les procès de l'ex-ministre de la Jeunesse Callixte Nzabonimana et du capitaine Ildephonse sont en effet, en délibéré depuis la fin de l'année dernière tandis que le pasteur Jean Uwinkindi et l'ancien chef milicien présumé Bernard Munyagishari, seuls encore en attente de procès, devraient être renvoyés devant les tribunaux rwandais.
Docteur en économie de l'Université de Fribourg, en Suisse, Ngirabatware fut, dans son pays, enseignant à l'Université Nationale du Rwanda (1986-1994), puis ministre du Plan (1990-1994). Durant son exil à partir de juillet 1994, il a travaillé dans différents instituts de recherche au Gabon et en France.
Arrêté en Allemagne le 17 septembre 2007, il se trouve entre les mains du TPIR depuis le 08 octobre 2008.
ER/GF
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