Les Nations Unies ont averti mercredi que les informations faisant état d'attaques de représailles contre des civils dans le centre de l'État d'Al-Jazira au Soudan soulevaient de "graves inquiétudes quant aux violations flagrantes" du droit international.
L'armée soudanaise, en guerre avec des paramilitaires rivaux depuis avril 2023, a réussi à avancer cette semaine sur Al-Jazira, reprenant la capitale de l'État, Wad Madani, aux Forces de soutien rapide (FSR).
Des groupes de défense des droits de l'homme ont signalé que des milices alliées à l'armée menaient des attaques à caractère ethnique contre des communautés minoritaires dans cet État agricole, tuant au moins 13 personnes, dont deux enfants.
La coordinatrice humanitaire de l'ONU au Soudan, Clémentine Nkweta-Salami, la plus haute responsable des Nations-Unies dans le pays, a déclaré que "les représailles et les actes de violence contre les populations civiles et les biens civils sont interdits par le droit international humanitaire".
Selon des groupes locaux de défense des droits de l'homme, les communautés de Kanabi, résidents de campements informels, traditionnellement des travailleurs agricoles saisonniers venus d'autres régions du Soudan, ont été accusées de collaborer avec les FSR, qui contrôlaient Al-Jazira depuis plus d'un an.
Le groupe de défense des droits de l'homme Kanabi Congress a imputé l'attaque aux Forces du bouclier soudanais, un groupe commandé par Abou Aqla Kaykal, qui a fait défection l'année dernière pour rejoindre l'armée après avoir servi comme commandant des FSR à Al-Jazira.
Le ministère des Affaires étrangères du Soudan du Sud, qui a fait sécession en 2011, a déclaré mercredi qu'un certain nombre de ses citoyens ont été tués dans des incidents "suivant la reprise de Wad Madani".
Bien que les FSR se sont fait connaitre pour leurs violences ethniques, ce qui a conduit les États-Unis à les accuser de génocide la semaine dernière, des rapports ont fait état de civils pris pour cible en raison de leur appartenance ethnique dans les zones contrôlées par l'armée.
L'armée et les FSR ont été accusés de crimes de guerre, notamment de cibler des civils et de bombarder sans discrimination des zones résidentielles.
L'agence des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a déclaré mercredi que la jeunesse soudanaise était exposée à une "violence inadmissible", avec au moins une vingtaine d'enfants tués en une semaine dans la capitale.
Depuis le début du conflit en avril 2023, des milliers d'enfants ont été tués ou blessés, et des violences sexuelles et le recrutement d'enfants ont été largement signalés, avec des conséquences dévastatrices", a déclaré le directeur régional de l'UNICEF, Edouard Beigbeder.
La guerre a tué des dizaines de milliers de personnes, déraciné 12 millions de personnes et des centaines de milliers de personnes sont victimes de la famine.