Soudan: le conflit "encore plus dangereux pour les civils" après les attaques sur Al-Jazira, selon l'ONU

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Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a déclaré vendredi que le conflit au Soudan devenait "encore plus dangereux pour les civils", après la mort de plus d'une douzaine de personnes dans des attaques à caractère ethnique contre des groupes minoritaires dans l'Etat central d'Al-Jazira.

La guerre, qui oppose l'armée aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) depuis avril 2023, "prend une tournure encore plus dangereuse pour les civils", a déclaré Volker Türk sur le réseau social X, ajoutant qu'il existait "des preuves de crimes de guerre et d'autres atrocités".

L'armée soudanaise a mené une offensive cette semaine sur Al-Jazira, reprenant la capitale de l'État, Wad Madani, aux FSR.

Des groupes de défense des droits de l'homme ont déclaré lundi qu'au moins 13 personnes, dont deux enfants, ont été tuées dans des attaques à caractère ethnique contre des communautés minoritaires dans cet État agricole.

Par ailleurs, interrogée vendredi à Genève sur des accusations américaines concernant l'utilisation par l'armée soudanaise d'armes chimiques, la porte-parole du Commissariat aux droits de l'homme a répondu: "Ces rapports sont très inquiétants, très préoccupants, et ils nécessitent une enquête plus approfondie".

"L'utilisation d'armes chimiques est explicitement interdite par le droit international. Nous continuerons de recueillir les preuves disponibles", a souligné Ravina Shamdasani.

"Notre propre bureau, dans les limites de son accès, n'a pas spécifiquement documenté l'utilisation d'armes chimiques pendant ce conflit au Soudan. Ce que nous avons documenté, c'est l'utilisation d'armes extrêmement lourdes dans des zones peuplées au cours de ce conflit, y compris l'utilisation de frappes aériennes dans des zones densément peuplées sur des marchés. Cela doit donc cesser", a-t-elle souligné.

Bien que les FSR soient blâmées pour leurs violences ethniques, ce qui a conduit les États-Unis à les accuser de génocide la semaine dernière, des rapports ont également fait état de civils pris pour cible en raison de leur appartenance ethnique dans les zones contrôlées par l'armée.

Jeudi, le département du Trésor américain a annoncé des sanctions contre le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane, accusant l'armée d'avoir attaqué des écoles, des marchés et des hôpitaux et d'utiliser la privation de nourriture comme arme de guerre.

Ces sanctions interviennent une semaine après que les États-Unis ont imposé des sanctions au commandant des FSR, Mohamed Hamdane Daglo, accusant son groupe d'avoir commis un génocide.

L'armée soudanaise a fustigé les sanctions américaines, les qualifiant d'"immorales", affirmant qu'elles "manquaient des fondements les plus élémentaires de justice et de transparence".

Les deux camps ont été accusés de viser les civils et de bombarder sans discrimination des zones habitées, les FSR étant notamment accusées de nettoyage ethnique, de violences sexuelles systématiques et de siège de villes entières.

Par ailleurs, le CICR a indiqué vendredi que depuis décembre 2024, plus de 120.000 personnes avaient fui vers le Soudan du Sud les violences dans les États du Nil Bleu, du Nil Blanc et de Sennar.

maf/sk/sg

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