Le 22 novembre 1992, Léon Mugesera avait prononcé un discours de 30 minutes dans la bourgade de Kabaya, devant la population de sept communes de l'ancienne sous-préfecture de Ngororero (ouest). Il y appelait notamment à renvoyer les Tutsis en Ethiopie. « A cause de son message selon lequel les inyenzi (cancrelats-nom donné aux rebelles du FPR) sont des ennemis qui ont attaqué le Rwanda et que ces inyenzi sont des tutsis, nous avons sévi contre ces derniers et nous les avons tués. Il devrait répondre de ça et ici même », a estimé un ancien condamné pour génocide qui avait assisté au meeting de León Mugesera, cité par la station gouvernementale
« Je suis content qu'il aie été ramené au pays. Je le serais davantage s'il était jugé ici pour que les enfants voient de leurs yeux qui est ce maître et réentendent le message qu'il a donné et qui a fait tant de mal », a ajouté un ancien responsable du MRND à Kabaya, qui avait aidé à rassembler les militants pour ce meeting.
Réclamé depuis 1995 par la justice rwandaise, Mugesera a été expulsé du Canada et ramené au Rwanda le 24 janvier. Il vivait dans ce pays depuis 1993 et avait réussi à repousser son extradition durant plusieurs années grâce à de multiples recours judiciaires.
Linguiste originaire du nord du Rwanda, il avait longtemps exercé comme enseignant à l'Université nationale du Rwanda (UNR), au sein du département des lettres. Au moment des faits pour lesquels il est poursuivi, Mugesera était vice-président pour la préfecture de Gisenyi (nord) du parti de l'ex-chef de l'Etat Juvénal Habyarimana.
Le jour de son arrivée à Kigali, Mugesera a reçu des autorités rwandaises une copie de l'acte d'accusation, pour pouvoir préparer son procès.
SRE/GF
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