La justice argentine a ordonné l'arrestation de l'actuel chef de la junte en Birmanie, et d'une vingtaine d'anciens responsables militaires et civils, dont Aung San Suu Kyi, pour répondre de l'accusation de "génocide et crimes contre l'humanité" contre la communauté Rohingya, ont indiqué vendredi des sources judiciaires.
La résolution, à laquelle l'AFP a eu accès, a été émise jeudi par la juge fédérale Maria Servini, dans le cadre d'une enquête ouverte en 2021, à la suite d'une plainte émanant de Rohingyas pour crimes présumés contre cette minorité.
La plainte avait été instruite en vertu du principe de "justice universelle", consacré dans la Constitution argentine.
Dans le document, la juge considère que les actes commis contre la population Rohingya en Birmanie "constituent des crimes qui enfreignent les droits de l'Homme reconnus dans différents instruments du droit pénal international, souscrits par la majorité des pays du monde, et relèvent de crimes internationalement connus comme génocide et crimes contre l'humanité, commis par les autorités politiques et militaires au pouvoir dans ce pays".
Les Rohingyas, majoritairement musulmans, sont originaires de Birmanie, pays à dominante bouddhiste, où, selon l'ONG Amnesty International, ils sont soumis à un régime assimilé à l'apartheid.
Nombre d'entre eux ont été contraints de fuir persécutions et violences à partir de 2017, vers la Malaisie plus riche et à majorité musulmane, ou vers des camps de réfugiés au Bangladesh, où vivent environ un million d'entre eux.
Demandant à ce que les ex-responsables birmans soient entendus dans le cadre de l'enquête, la juge argentine Servini considère qu'étant donné "l'ampleur pénale" des crimes concernés, "une capture internationale devra être ordonnée".
Outre le chef de la junte Min Aung Hlaing, la résolution de la juge requiert que soient entendus notamment Htin Kyaw, président de 2016 à 2018, mais aussi la prix Nobel de la Paix et dirigeante de facto Aung San Suu Kyi, au titre de "conseillère de l'État" de 2016 à 2021.